Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome30.djvu/449

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Orientaux on donne ce rendez-vous. Mais, en vérité, ce n’est là ni le Temple de Gnide, ni le Congres de Cythere, ni l’Esprit des Lois.

C’est avec douleur, et en contrariant mon propre goût, que je combats ainsi quelques idées d’un pliilosoplic citoyen, et que je relève quelques-unes de ses méprises. Je ne me serais pas livré, dans ce petit commentaire, à un travail si rebutant si je n’avais été enflammé de l’amour de la vérité, autant que l’auteur l’était de l’amour de la gloire. Je suis en général si pénétré des maximes qu’il annonce plutôt qu’il ne les développe ; je suis si plein de tout ce qu’il a dit sur la liberté politique, sur les tributs, sur le despotisme, sur l’esclavage, que je n’ai pas le courage de me joindre aux savants qui ont employé trois volumes à reprendre des fautes de détail.

Il importe peut-être assez peu que Montesquieu se soit trompé sur la dot qu’on donnait en Grèce aux sœurs qui épousaient leurs frères, et qu’il ait pris la coutume de Sparte pour la cou- tume de Crète (liv. V, chap. v);

Qu’il n’ait pas (liv. XXIV, chap. xv) saisi le sens de Suétone sur la loi d’Auguste, qui défendit qu’on courût nu jusqu’à la ceinture avant 1 âge de puberté : a Lupercalibus vetuit currere imberbes )) (SuÉT,, Aug., chap. xxxi);

Qu’il se soit mépris sur la manière dont la banque de Gênes est gouvernée, et sur une loi que Gênes fit publier dans la Corse (liv. II, chap. m) ;

Qu’il ait dit que « les lois à Venise défendent le commerce aux nobles vénitiens », tandis que ces lois leur recommandent le commerce, et que, s’ils ne le font plus, c’est qu’il n’y a plus d’avantage (liv. V, chap. viii) ;

Que (c le gouvernement moscovite cherche à sortir du despo- tisme », tandis que ce gouvernement russe est à la tête de la finance, des armées, de la magistrature, de la religion ; que les évêques et les moines n’ont plus d’esclaves comme autrefois, et qu’ils sont payés par une pension du gouvernement. Il cherche à détruire l’anarchie, les prérogatives odieuses des nobles, le pouvoir des grands, et non à établir des corps intermédiaires, à diminuer son autorité (liv. V, chap. xiv);

Qu’il fasse un faux calcul sur le luxe, en disant que « le luxe est zéro dans qui n’a que le nécessaire, que le double du nécessaire est égal à un, et que le double de cette unité est trois » ; puisqu’en effet on n’a pas toujours trois de luxe, pour avoir deux fois plus de bien qu’un autre (liv. VII, chap. i) ;

Qu’il ait dit que « chez les Samnites le jeune homme déclaré