Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome30.djvu/79

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AVERTISSEMENT.

Il est triste pour les curieux que l’auteur des livres juifs ne nous ait pas dit un seul mot des anciens monuments de l’Egypte, des mœurs, des lois, de la religion, des usages d’un peuple si antique et autrefois si renommé. Tout postérieur qu’il est au vaste empire des Indes et à celui de la Chine, il fut si anciennement policé avant tous les autres peuples de notre Occident qu’il attirera toujours nos regards, fût-il dans un abaissement encore plus avilissant que celui où il croupit sous la domination turque.

On doit d’abord l’admirer de ce qu’il existait. Quels travaux ne fallut-il pas pour forcer le Nil à lui servir de défenseur et de nourricier, après avoir été désolé par ce fleuve pendant tant de siècles ! Il fallut ensuite transporter sur des canaux des masses énormes de marbre de toutes espèces, pour bâtir ces superbes villes qui firent l’étonnement de toutes les nations. Leur religion était sublime avant qu’elle dégénérât en ridicule. Ils n’adoraient qu’un Dieu maître de toute la nature.

Le savant Prideaux[1] avoue qu’ils ne faisaient aucun sacrifice sanglant : ils ressemblaient en cela aux braclimanes, regardés dans l’antiquité comme les plus sages et les plus heureux des hommes.

Les anciennes lois de l’Egypte ont mérité d’être célébrées par l’éloquent Bossuet, et nous leur rendons un continuel hommage par notre impuissance d’atteindre à leur sagesse. Les siècles où l’auteur sacré nous annonce que quelques Juifs arrivèrent en

    l’on mit Joseph ; et qu’on rendit des honneurs divins à cette figure. Des commentateurs ont voulu qu’il fut Sérapis , et ils se sont fondés sur ce que Sérapis passait pour avoir délivré l’égypte de la famine. On a été chercher dans Plutarque le nom d’ Osiris qui s’appellait Arsaphe  : on a cru trouver dans le mot Arsaphe l’étymologie du mot Joseph : cependant ce Joseph ne s’appelle point Joseph chez les orientaux, mais joussouph. Un auteur moderne a prétendu que Joseph est la même chose que Salomon, ou, selon les orientaux, soleiman ; et que Joseph est encore le même que Lokman ou qu’ésope. Ce n’est pas la peine d’examiner sérieusement des imaginations si bizarres. Nous nous en tenons au texte divin. (Note de Voltaire.)

  1. Dans son Histoire des Juifs et des peuples voisins, écrite en anglais, dont la traduction française a eu plusieurs éditions. (B.)