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SUR L'EXISTENCE DE DIEU, ETC. 141

sienne, néanmoins il fait tous ses eflbrts pour se persuader qu'il n'v ;i point de Dieu.

Animal ! qu'importe à Dieu d'être loué par toi?

XXVIII. — C'est donc avec raison qu'au psaume xiv, verset 1, le pro- phète royal appelle insensé celui (}ui... travaille à se rendre malheureux... Or voilii l'athée.

Sot ! il est bien question ici de ton prophète royal !

XXIX. — Nous ne nous arrêterons pas tant à prouver sà loule-présence élernelle, parce que je ne crois pas que les athées la nient.

Quelle bêtise! admettre la toute-présence d'un être dont on nie l'existence!

XXX. — Personne ne doit son existence à soi-même ni à ses parents, mais à quelque autre... Un esprit incrédule et incertain, ou qui pour ne pas reconnaître un Dieu ne voudrait pas acquiescer à ce (|ue nous venons de dire, pourra peut-être nous objecter que par voie de génération ses parents sont la cause qu'il est parmi les vivants. Cette objection paraît plausible du premier abord ; mais s'il se veut donner la peine d'examiner plus sérieuse- ment la chose, il sera forcé d'avouer que ses parents, aussi bien que tous les autres hommes, doivent chacun de leur côté leur naissance à ce désir, à ce i)enchant qui est dans toutes les créatures animées, par lequel les uns et les autres ont regu leur origine sans savoir s'ils en seraient engendrés ou non. Il devra encore reconnaître qu'aucun de ses parents n'a pu dire, lorsqu'il a été conçu, s'il naîtrait garçon ou fille, bien fait ou mal fait de corps, etc. Bien plus : lorsque sa mère était avancée dans sa grossesse, elle n'a pu que souluiiter que son fruit vînt heureusement à terme, sans savoir quel serait l'enfant qu'elle portait dans son sein. Et même lorsqu'il est venu au monde, son père et sa mère ont-ils connu la disposiî ion des parties de son corps, de ses veines, de ses nerfs, de sa chair, de ses os, de ses humeurs, etc. ?

Si donc ses père et mère ont ignoré tout cela, comment peut-il les regarder comme la véritable cause de leur existence? Peut-on appeler artiste ou la véritable cause d'un ouvrage celui qui doit avouer qu'il en ignore la fabri(|ue et les proportions, et, qui plus est, qui ignorait ce qu'il faisait lorsque même pour le faire il y employait tout ce qui pouvait dépendre de lui?

Comme il ne saurait penser que ses parents ont contribué pour sa forma- tion plus que n'ont fait les autres pères et mères pour leurs enfants, il sera obligé de reconnaître, par ce qui vient d'être dit, qu'il n'a lui-même rien contribué pour son existence, et que même ses parents ont agi sans aucune connaissance de ce qu'ils faisaient; que, par conséquent, ils ne sont que les causes instrumentales de sa formation.

Quel verbiage! quel manque de méthode ! que d'ennui !

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