Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome31.djvu/25

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

SUR LES PENSÉES DE PASCAL. 4:,

Voilà uiip plaisante façon d'enseigner! (luidez-moi, car je marche dans les ténèbres. V.

XXXVin. — En véi'ité, je ne puis ni'empôclier de leur dire ce (|uo j'ai (fil souvent, que cette négligence n'est pas supportable. 1*.

A quoi bon nous apprendre que vous l'avez dit souvent? V,

XXXIX. — L'immortalité de l'àme est une chose qui nous importe si fort et qui nous touche si profondément, qu'il faut avoir perdu tout sentiment pour être dans l'indifférence de savoir ce qui en est. Toutes nos actions et toutes nos pensées doivent prendre des routes si différentes, selon qu'il y aura des biens éternels à espérer ou non, qu'il est impossible de faire une démarche avec sens et jugement qu'en la réglant parla vue de ce point, qui doit être notre dernier objet. P.

II ne s'agit pas encore ici de la sublimité et de la sainteté de la religion chrétienne, mais de l'immortalité de l'àme, qui est le fondement de toutes les religions connues, excepté de la juive : je dis excepté de la juive, parce que ce dogme n'est exprimé dans aucun endroit du Pentateuque, qui est le livre de la loi juive ; parce que nul auteur juif n'a pu y trouver aucun passage qui dé- signât ce dogme ; parce que, pour établir l'existence reconnue de cette opinion si importante, si fondamentale, il ne suffit pas de la supposer, de l'inférer de quelques mots dont on force le sens naturel ; mais il faut qu'elle soit énoncée de la façon la plus positive et la plus claire ; parce que, si la petite nation juive avait eu quelque connaissance de ce grand dogme avant Antiochus Épiphanes, il n'est pas à croire que la secte des saducéens, rigides observateurs de la loi, eilt osé s'élever contre la croyance fondamentale de la loi juive.

Mais qu'importe en quel temps la doctrine de l'immortalité et de la spiritualité de l'àme a été introduite dans le malheureux pays de la Palestine? Qu'importe que Zoroastre aux Perses, Nunia aux Romains, Platon aux Grecs, aient enseigné l'existence et la permanence de l'àme? Pascal veut que tout homme, par sa propre raison, résolve ce grand problème. Mais lui-même le peut- il? Locke, le sage Locke, n'a-t-il pas confessé que l'homme ne peut savoir si Dieu ne peut accorder le don de la pensée à tel être qu'il daignera choisir? N'a-t-il pas avoué parla qu'il ne nous est pas plus donné de connaître la nature de notre entendement que de connaître la manière dont notre sang se forme dans nos veines ? Jescher a parlé, il suffit.

Quand il est question de l'àme, il faut combattre Épicure,

�� �