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x\CTE I, SCÈNE Iir. 281

rciiiplissont pas. IVailloiirs, pourquoi s'en aller quand un bon génie lui envoie Camille, et qu'elle peut s'éclaircir?

Vers 3. Et mon cœur, accablé de aiillo dcplaisirs, Cherche la soliUide à cacher ses souph'S.

Cela n'est pas français. On cherche la solitude pour cacher ses soupirs, et une solitude propre à les cacher. On ne dit point une solitude, une chambre ii pleurer, à gémir, à réfléchir, comme on dit une chambre à coucher, une salle à manger; mais du temps de Corneille presque personne ne s'étudiait h parler purement.

Corneille a ici une grande attention à lier les scènes, attention inconnue avant lui. On pourrait dire seulement que Sabine n'a pas une raison assez forte pour s'en aller ; que cette sortie rend son personnage plus inutile et plus froid ; que c'était à Sabine, et non à une confidente, à écouter les choses importantes que Ca- mille va annoncer; que cette idée d'entretenir Julie diminue l'intérêt; qu'un simple entretien ne doit jamais entrer dans la tragédie ; que les principaux personnages ne doivent paraître que pour avoir quelque chose d'important à dire ou à entendre ; qu'enfin il eût été plus théâtral et plus intéressant que Sabine eût reproché à Camille sa joie, et que Camille lui en eût appris la cause.

SCÈNE 111.

Vers \. Qu'elle a tort de vouloir que je vous entretienne!

Cette formule de conversation ne doit jamais entrer dans la tragédie, où les personnages doivent, pour ainsi dire, parler malgré eux, emportés par la passion qui les anime.

Vers 7. Je verrai mon amant, mon phis unique bien.

Plus unique ne peut se dire : unique n'admet ni de plus, ni de moins.

Vers '12. On peut changer d'amant, mais non changer d'époux.

Ce vers porte entièrement le caractère de la comédie. Cor- neille, en ayant fait plusieurs, en conserva souvent le style. Cela était permis de son temps ; on ne ne distinguait pas assez les bornes qui séparent le familier du simple ; le simple est néces- saire, le familier ne peut être souflert. Peut-être une attention trop scrupuleuse aurait éteint le feu du génie ; mais après avoir

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