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i98 BEMARQUES SUR LES IIORACES.

dans une trat^édio; non quo rliaquo scrnc doive êtro un événe- ment, mais cliaque scrne doit servir à nouer ou à dénouer Tin- trigue ; chaque discours doit être préparation ou obstacle. C'est en vain qu'on cherche à mettre des contrastes entre les carac- tères dans ces scènes inutiles, si ces contrastes ne produisent rien.

Vers :Vi. Et tous maux sont pareils alors ([u'ils sont extrêmes.

Ce beau vers est d'une grande vérité. Il est triste qu'il soit perdu dans une amplification.

Vers 3o L'amant qui vous charme et pour qui vous brûlez,

Ne vous est, après tout, que ce que vous voulez. Une mauvaise humeur, un peu de jalousie, En fait assez souvent passer la fantaisie,

sont des vers comi(|ues (jui gâteraient la })lus belle tirade. Vers 48. Vous ne connoissez point ni l'amour, ni ses traits.

Ce point est de trop. Il l'aut : Vous ne connaissez ni l'amour ni ses traits.

Vers 53. Il entre avec douceur, mais il règne par force, etc.

Ces maximes détachées, qui sont un défaut quand la passion doit parler, avaient alors le mérite de la nouveauté. On s'écriait: C'est connaître le cœur humain! Mais c'est le connaître bien mieux que de faire dire en sentiment ce qu'on n'exprimait guère alors qu'en sentences ; défaut éblouissant que les auteurs imitaient de Sénèque.

Vers 53. Vouloir ne plus aimer, c'est ce qu'elle ne peut.

Puisqu'elle ne peut plus vouloir (jue ce qu'il veut.

Ces deux peut, ces syllabes dures, ces monosyllabes veut et peut, et cette idée de vouloir ce que l'amour veut, comme s'il était question ici du dieu d'amour: tout cela constitue deux des plus mauvais vers qu'on pût faire, et c'était de tels vers qu'il fal- lait corriger.

Versdern. Ses chaînes sont pour nous aussi fortes (jue belles.

Toute cette scène est ce qu'on appelle du remphssage : défaut insupportable, mais devenu presque nécessaire dans nos tragé- dies, qui sont toutes trop longues, à l'exception d'un très-petit nombre.

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