Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome31.djvu/336

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3t>6 REMARQUES SUR CIN.NA.

Cet exemple est un de ceux qui peuvent servir à distinguer le langage de la poésie de celui de la prose.

Vers 110. Demain j'attends la haine ou la faveur des hommes, Le nom de parricide ou de libérateur, César celui de prince ou d'un usurpateur.

II faut d'usurpatc7(r dans la règle ; // aura le nom de prince légi- time ou d'usurpateur. Mais gênons la poésie le moins que nous pourrons,

N'ers Ho. Et le peuple, inégal à l'endroit des tyrans, S'il les déteste morts, les adore vivants.

Ce terme ii l'endroit n'est plus d'usage dans le style noble.

Vers 4 27. Sont-ils morts tout entiers avec leurs grands desseins...

11 y avait ;

Et sont-ils morts entiers avecque leurs desseins.

D'abord l'auteur substitua : et sont-ils morts entiers avec leurs grands desseins; ensuite il mit: sont-ils morts tout entiers. Cette expres- sion sublime, mourir tout entier, est prise du latin d'Horace S non omnis moriar; et tout entier est plus énergique. Racijic l'a imité dans sa belle pièce iVIpltigénie' :

Ne laisser aucun nom, et mourir tout entier.

Vers 133. Va marcher sur leurs pas...

11 faudrait va, marche; on ne dit i)as plus (dlons marclier qu'allons cdler.

Ihid. Où Thonncur te convie.

Convie est une très-belle expression ; elle était très-usitée dans le grand siècle de Louis XIV, II est à souliaiter que ce mot con- tinue d'être en usage.

Vers 135. Souviens-toi du beau feu dont nous sommes épris... Que tu me dois ton cœur, que mes faveurs t'attendent.

Ailleurs ce mot de faveurs exciterait le ris et le murmure : mais ce mot est ici confondu dans la foule des beautés de cette scène, si vive, si éloquente, et si romaine.

i. Livre III, ode xxx, vers 0. 2. Acte l". scène n.

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