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ACTE II, SCÈNE II. 439

de César ; et ce César qui n'a rien, qui importune est comique. J'avoue qu'on est étonné de tant de fautes, quand on y regarde de près. Remarquons-les, puisqu'il faut être utile ; mais songeons toujours que Corneille a des beautés admirables, et que s'il a bronché dans la carrière, c'est lui qui Ta ouverte en quelque façon, puisqu'il a surpassé ses contemporains jusqu'à l'époque d^Ândromaque.

Vers 69. Peut-être mon amour aura quelque avantage

Qui saura mieux que moi ménager son courage.

Son amour qui a un avantage, lequel ménagera mieux le courage de César qu'elle-même, est une idée obscure exprimée obscurément.

Il y avait auparavant :

Et si jamais le ciel favorisoit ma couche De quelque rejeton de cette illustre souche, Cette heureuse union de mon sang et du sien Uniroit à jamais son destin elle mien.

L'auteur retrancha ces vers, qui présentaient une image révol- tante.

Vers 85. Ne pouvant rien de plus pour sa vertu séduite, Dans mon àme en secret je l'exhorte à la fuite.

Il semble, par la phrase, qu'il s'agisse de la vertu séduite de Pompée, et c'est de la vertu séduite de l'àme de Cléopâtre. Je l'exhorte à la fuite dans mon âme. Cette expression n'est pas heu- reuse. Mais si Cléopâtre veut secourir Pompée, que ne lui dépêche- t-elle un exprès pour l'avertir de son danger? Elle en dit trop quand elle ne fait rien.

Vers dern. . . . J'en apprendrai la nouvelle assurée.

On apprend des nouvelles sûres, et non une nouvelle assurée; on dit bien : Cette nouvelle m'a été assurée par tels et tels,

SCÈNE II.

Si Cléopâtre, au lieu de parler en femme galante, avait su donner de la noblesse à son amour pour César, et montrer en même temps la plus grande reconnaissance pour Pompée, et une véritable crainte de sa mort, le récit d'Achorée ferait bien un autre effet. Le cœur n'est point assez ému quand le récit des

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