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4G0 REMARQUES SUR l'O-MPÉE.

Vers 21. Le destin les aveugle au bord du précipice; Ou si quelque lumière en leur âme se glisse, Cette fausse clarté, dont il les éblouit, Les plonge dans un goufFre, et puis s'évanouit.

Glisse n'est pas lieureux, mais il est si difficile de trouver des termes nobles et convenables, et de les accorder avec la rime, qu'on doit pardonner à ces petites fautes, inséparables d'un art dans lequel on éprouve autant d'obstacles qu'on fait de pas.

Vers 23. J'ai mal connu César; mais puisqu'en son estime Un si rare service est un énorme crime, Sire, il porte en son flanc de quoi nous en laver.

Estime signifie ici opinion. C'est un terme qui n'est en usage que dans la marine. Vcstime du pilote veut dire le calcul présumé.

Vers 32. Justifions sur lui la mort de son rival; Et notre main alors également trempée Et du sang de César et du sang de Pompée, Rome, sans leur donner de titres différents, Se croira par vous seul libre de deux tyrans.

I^lacemus caede secunda

Hesperias gentes; jugulus milii Caosaris liaustus Hoc praestare potest, Pompei cœde nocentes Ut populus romanus amet ^

Vers 37. Oui, oui, ton sentiment enfin est véritable;

C'est trop craindre un tyran que j'ai fait redoutable.

Usque adeone limes quem tu facis ipsc limendum- ?

On a corrigé le premier de ces deux vers, et on a mis :

Oui, par là seulement ma perte est évitable.

Pourquoi tvitahlr n'est-il pas en usage, puisque inh-itaUe est reçu? C'est une grande bizarrerie des langues, d'admettre le mot composé et d'en rejeter la racine.

Vers 44. Pompée étoit mortel, et tu ne l'es pas moins. Quem metuis, par hujus erat '.

Vers 46. Tu n'as, non plus que lui, qu'une âme et qu'une vie. Jamais personne n'en a eu deux.

1. Lucain, Phars., X, 380-80.

2. Ibid., IV, 18.^.

3. Ibid., X, 382.

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