Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome31.djvu/493

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ACTIî I, SCiiNE I. ia-.i

Vers 39. Vous tenez celles-là trop indignes do vous Que le son d'un éeu rend traitables ii tous.

Le son d'un ècu cl ridée do ce vers sont des choses honteuses ([u'on devrait retrancher pour l'honneur de la scène française. Ce vers même est imité de la satire de Régnier, intitulée Macctte. Les bienséances étaient impunément violées dans ce temps-là, et Corneille, qui s'élevait au-dessus de ses contemporains, se laissait entraîner h leurs usages.

Vers 41. Aussi que vous cherchiez de ces sages coquettes Qui bornent au babil leurs faveurs plus secrettes ^.

Cela n'est pas français. On dit bien la maison où j'ai été, mais non la coquette où j'ai ètè.

Vers 43. Et qui ne font l'amour que de babil et d'yeux.

Ce vers n'est pas français ; faire l'amour d'yeux et de babil ne peut se dire. On a changé ce vers, et on a mis :

Sans qu'il vous soit permis de jouer que des yeux -.

Vers 46. Et le jeu, comme on dit, n'en vaut pas les chandelles.

Chandelles; cette expression serait aujourd'hui indigne de la haute comédie.

Vers 63. J'en voyois là beaucoup passer pour gens d'esprit, Et faire encore état de Chimène et du Cid, Estimer de tous deux la vertu sans seconde, Qui passeroient ici pour gens de l'autre monde, Et se feroient siffler si, dans un entretien, Ils étoient si grossiers que d'en dire du bien.

On voit que Corneille avait encore sur le cœur, en 1644, lo déchaînement des auteurs contre le Cid. II supprima depuis ces vers, et y substitua ceux-ci :

La diverse façon de parler et d'agir

Donne aux nouveaux venus souvent de quoi rougir.

��1. C'est ainsi que Voltaire a donné ces deux vers dans ses deux oditions du Théâtre de Corneille; mais sa remarque porte sur le texte de i66i, IGS^ ei 1692, que voici :

Ces sages coquettes

Où peuvent tous venants débiter leurs fleurettes.

2. Au contraire ; c'est dans l'édition de 16i't qu'on lit ce dernier vers. Les éditions de 1664, 1682, 1692, portent la version que Voltaire dit être la première.

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