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494 RE.MARQUES SUR LE MENTEUR.

��SCÈNE V.

Vers 1. Dorante, cirivtons-nous, le trop de promenade ^le mcltroil hors d'haleine et me feroil malade.

Il semble par ces vers que Gérontc et Dorante soient dans les Tuileries. Comment Alcippe a-t-il pu les voir de la maison de Clarice, à la place Royale ?

Vers 11. Et l'univers entier ne peut rien voir d'égal Aux superbes dehors du palais Cardinal.

Aujourd'hui le Palais-Royal. Ce quartier, qui est à présent un des plus peuplés de Paris, n'était que des prairies entourées de fossés, lorsque le cardinal de Richelieu y fit hâlir son palais. Quoique les embellissements de Paris n'aient commencé à se multiplier que vers le milieu du siècle de Louis XIV, cependant la simple architecture du palais Cardinal ne devait pas paraître si superbe aux Parisiens, qui avaient déjà le Louvre et le Luxem- bourg. Il n'est pas surprenant que Corneille, dans ces vers, cher- chât à louer indirectement le cardinal de Richelieu, qui protégea beaucoup cette pièce, et même donna des habits à quelques ac- teurs. Il était mourant alors, en 1642, et il cherchait à se dissiper par ces amusements.

Vers 13. Toute une ville entière avec pompe l)àtie Semble d'un vieux fossé par miracle sortie, Et nous fait piésumer à ses superbes toits Que tous les habitants sont des dieux ou des rois.

Des dieux ! cela est un- peu fort. Vers 70. Ce fut, s'il m'en souvient, le second de septembre.

Ces particularités rendent la narration de Dorante plus vraisemblable ; on ne peut se refuser au plaisir de dire que cette scène est une des plus agréables qui soient au théâtre. Corneille, en imitant cette comédie de l'espagnol de Lope de VegaS a, comme à son ordinaire, eu la gloire d'embellir son original. Il a été imité à son tour par le célèbre Goldoni^ Au printemps de l'année 1750, cet auteur si naturel et si fécond a donné à Mantoue

��1. De Juan de Alarcon, comme nous l'avons dit.

2. // Dugiardo, de Guldoni, représenté à Mantoue au printemps de 1750. Goldoni n'a fait que quelques emprunts au Meilleur de Corneille.

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