Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome31.djvu/505

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une comédie intitulée le Menteur. Il avoue (juil en a imité les scènes les plus frappantes de la pièce de Corneille. 11 a même quelquefois beaucoup ajouté à son original. Il y a dans CJoIdoiii deux choses fort plaisantes : la première, c’est un rival du Men- teur, qui redit bonnement pour des vérités toutes les fables que le Menteur lui a débitées, et qui est pris pour un menteur lui- même, à qui on dit mille injures ; la seconde est le valet qui veul imiter son maître, et qui s’engage dans des mensonges ridicules dont il ne peut se tirer.

Il est vrai que le caractère du Menteur de Goldoni est bien moins noble que celui de Cornoille. La pièce française est plus sage, le style en est plus vif, plus intéressant. La prose italienne n’approche point des vers de l’auteur de Cinna. Les Ménandre, les Térence, écrivirent en vers, c’est un mérite de plus, et ce n’est guère que par impuissance de mieux faire, ou par envie de faire vite, que les modernes ont écrit des comédies en prose. On s’y est ensuite accoutumé. L’Avare surtout, que Molière n’eut pas le temps de versifier, détermina plusieurs auteurs à faire en prose leurs comédies. Bien des gens prétendent aujourd’hui que la prose est plus naturelle et sert mieux le comique. Je crois que dans les farces la prose est assez convenable ; mais que le Misanthrope et le Tartuffe perdraient de force et d’énergie s’ils étaient en prose !

ACTE TROISIÈME.

SCÈNE I.

Vers 3. Je rends grâces au ciel de ce qu’il a permis Que je suis survenu pour vous refaire amis.

Il faudrait que je sois^; le que entre deux verbes exige le sub- jonctif, excepté quand on assure positivement quelque chose. Je suis sûr que vous m’aimez ; je crois que vous m’aimez ,• je jure que je vous aime ; mais il faut dire : je permets, je souhaite, je doute, je veux, j^ ordonne, je crains, je désire que vous aimiez.

Vers 13 Quoi que j’aie pu faire-,

Je crois n’avoir rien fait qui puisse vous déplaire.

1. C’est ce que porte l’édition de 1604.

2. Dans l’édition do 160i il y a :

l’Ius je me considère,

Moins je découvre en moi ce qui vous peut déplaire.