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510 REMARQUnS SUR LA SUITl- DU MENTEUR.

son père; ce père est mort : tout cela evcite beaucoup de curio- sité. C'est une chose à laquelle il ne faut jamais manquer dans les expositions. Toute première scène qui ne donne pas envie de voir les autres ne vaut rien.

Vers 25. Et tel vous soupronnoit de quelque gucrison D'un mal privilé.^ié dont je tairai le nom.

Il faut plaindre un siècle où Ton présentait sur le théâtre de ces idées qui font rougir. De plus, pricilèfjiè doit être de cinq syllabes, et Corneille le fait de quatre.

Vers 27. Pour moi, j'écoutois tout, et mis dans mon caprice Qu'on ne devinoit rien t|uc par votre artifice.

Je mis dans mon caprice ne peut signifier je mis dans ma tête, dans ma fantaisie, dans mon imagination, dans mon esprit; on n'a pas le caprice comme on a une faculté de l'âme ; on peut bien avoir un caprice dans son idée, mais on n'a point une idée dans son caprice.

Vers 32. Attendant le Ijoiteux, je consolois Lucrèce.

Ancienne façon de parler qui signifie le temps, parce que les anciens figuraient le temps sous l'emblème d'un vieillard boiteux qui avait des ailes, pour faire voir que le mal arrive trop vite, et le bien trop lentement.

Nous ne remarquerons pas dans cette pièce toutes les fautes de langage : elles sont en très-grand nombre; mais c'est assez d'avertir qu'en général il ne faut pas imiter le style de cet ouvrage, trop négligé. Il me semble que la meilleure manière de s'in- struire est d'observer soigneusement les fautes des bons écrits, parce qu'elles pourraient être d'un exemple dangereux, et de remarquer les beautés des pièces moins heureuses, parce que d'ordinaire ces beautés sont perdues.

Vers dern. La dernière partie de cette première scène me paraît d'un très-grand mérite. Il y a cependant quelques fautes

��de langage.

��SCENE IL

��(.1 la fui.) S'il ne s'agissait dans cette scène que d'une femme qui a vu passer un prisonnier; qui, sans le connaître, devient amoureuse de lui ; qui lui déclare sa passion en lai envoyant de l'argent, ce ne serait qu'une aventure incroyable et indécente de nos anciens romans ; et ce qui n'est ni décent, ni vraisemblable,

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