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524 REMARQUES SUR THÉODORE.

Vers72. Chaque jour pour l'aigrir je vais jusqu'à l'outrage.

Il n'était pas nécessaire que Placide outrageât tous les jours sa belle-mère, qui lui veut donner sa fille. Ce sont là des mœurs révoltantes, et qui rendent tout d'un coup le premier personnage odieux.

Nous ne parlerons plus guère du style ^; nous nous en tien- drons à l'art de la tragédie. Il n'y a rien de tragique dans cette intrigue : c'est un jeune homme qui ne veut point de la femme qu'on lui offre, et qui en aime une autre qui ne veut point de lui; vrai sujet de comédie, et même sujet trivial. Nous avons déjà remarqué- que les gens peu instruits croient que Racine a gâté le théâtre en y introduisant ces intrigues d'amour. Mais il n'y a aucune pièce de Corneille dont l'amour ne fasse l'intrigue. La seule différence est que Racine a traité cette passion en maître, et que Corneille n'a jamais su faire parler des amants, excepté dans le Cid, où il était conduit par un auteur espagnol. Ce n'est pas l'amour qui domine dans Pohjcucle: c'est la victoire que rem- porte Pauline sur son amant ; c'est la noblesse de Sévère,

SCÈNE II.

Vers i. Ce mauvais conseiller toujours vous entretient!

Cette scène de bravade entre Marcelle et Placide parait contre toute bienséance. C'est une picoteric bourgeoise, et des bourgeois bien élevés parleraient plus noblement, Marcelle querelle Placide, tandis qu'elle devrait tâcher de lui plaire. Quel rôle désagréable que celui d'une femme qui veut à toute force qu'on épouse sa fille, qui dit des injures grossières à celui dont elle veut faire son gendre, et qui en essuie de plus fortes ! Marcelle dit que Placide a le cœur trop bas pour aimer en bon lieu ; qu'il a une âme vile et basse. Placide répond sur le même ton : cela seul devait faire tomber la pièce, qui d'ailleurs est une des plus mal écrites.

Vers 48. Un bienfait perd sa grâce à le trop publier.

Racine a imité heureusement ce vers dans Iphigènic^ :

Un bienfait reproché tint toujours lieu d'offense.

1. Sur quelques vers de cette i"'" scène, voyez tome XIX, page i3".

2. Voyez la Lettre à Majjei, en tète de Mérope, tome IV.

3. Acte IV, scène vi.

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