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ACTE III, se EN H III. 509

la fierté est iiirprisablo. Celte fierté de Rodogiine ne paraît point placée : elle épromera la force de leur amour sans llatter leurs désirs, sans leur jeter d'amorce; et si cet amour est assez fort pour lui servir d'appui, elle fera régner cet amour en régnant sur lui. Et c'est pour débiter ce galimatias que Rodogune fait un monologue de soixante vers!

Vers 13. Sentimenls étoulTés de colère et de haine, Rallumez vos flambeaux à celle de la reine. Des sentiments qui rallument des ilambeaux à la haine de la reine, et qui rompent la loi dure d'un oubli contraint pour rendre justice, ce sont des paroles qui ne forment point un sens net; c'est un style aussi obscur qu'emphatique, et on doit d'autant plus le remarquer que plus d'un auteur a imité ces fautes.

Vers 17. Rapportez à mes yeux son image sanglante, D^amour et de fureur encore étincelante.

On dirait hien : Je crois le voir encore ctinceknU de courroux: mais ce n'est pas l'image qui est encore animée ; de plus, on n'étincelle point d'amour.

Vers 25. Plus la haute naissance approche des couronnes, Plus cette grandeur même asservit nos personnes.

Ces réflexions sur la haute naissance qui approche des couronnes, et qui asservit les personnes, sont de ces lieux communs qui étaient pardonnables autrefois.

Vers 27. Nous n'avons point de cœur pour aimer ni liaïr.

Ici elle n'a point de cœur pour aimer ni haïr; et, dans le même monologue, elle reprend un cœur pour aimer et haïr. Ces antithèses, ces jeux de vers, ne sont plus permis.

Vers 41. Le consentiras-tu cet effort sur ma flamme ?...

Consentir It, et non consentir le. Ce verbe gouverne toujours le datif, exprimé chez nous par la préposition (/. Il est vrai qu'au barreau on viole cette règle ; mais le style du barreau est celui des barbarismes*.

Vers 50. S'il t'en coûte un soupir j'en verserai des larmes.

Que veut dire cela? Veut-elle parler de l'ordre qu'elle va don- ner à ses deux amants de tuer leur mère? Est-ce là le cas d'un soupir? Ne faut-il pas avouer que presque tous les sentiments de ce monologue ne sont ni assez vrais ni assez touchants?

1. Voltaire cependant a dit : Consentir de, voyez tome XII, page 99, et tome XIII, Annales de l'Empire, année 1270.

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