Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome31.djvu/591

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ACTE IV, SCÈNE I. o8l

Antioclius perd là dix vers ontiors à d(biter dos sentences : est-ce l'occasion de disserter, de parler de malades (|iii ne sentent point leur mal, et d'ombres de santé (jui cachent mille poisons? On ne peut trop répéter que la véritable tragédie rejette toutes les dissertations, toutes les comparaisons, tout ce qui sent le rhéteur, et que tout doit être sentiment, jusque dans le raison- nement même.

Vers -14. Cependant allons voir si nous vaincrons l'orage.

Vaincre un orage est impropre ; on détourne, on calme un orage, on s'y dérobe, on le brave, etc., on ne le vainc pas : cette métaphore d'orage vaincu ne peut convenir à des ombres de santé qui cachent des poisons.

Vers tu. Et si contre l'efTorl d'un si puissant courroux

La nature et l'amour voudront parler pour nous.

La nature et l'amour qui parlent contre l'effort d'un cour- roux ! voilà encore des expressions impropres ; je ne me lasserai point de dire qu'il les faut remarquer, non pas pour observer des fautes, mais pour être utile à ceux qui ne lisent pas avec assez d'attention, à ceux qui veulent se former le goîit et possé- der leur langue, à ceux qui veulent écrire, aux étrangers qui nous lisent. On a passé beaucoup de fautes contre la langue, et contre l'élégance et la netteté de la construction ; le lecteur atten- tif peut les sentir. On a craint de faire trop de remarques, et de marquer une affectation de critiquer.

��. ACTE QUATRIEME.

SCÈNE I.

Vers i. Prince, qu'ai-jc entendu? Parce que je soupire.

Vous présumez que j'aime, et vous m'osez le dire!

L'àme du spectateur était remplie de deux assassinats pro- posés par deux femmes; on attendait la suite de ces horreurs; le spectateur est étonné de voir Rodogune qui se fâche de ce qu'on présume qu'elle pourrait aimer un des princes, destiné poui" être son époux. Elle ne parle que de la témérité d'Antiocbus, qui, en la voyant soupirer, ose présumer qu'elle n'est pas insen- sible. C'était un des ridicules à la mode dans les romans de che-

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