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ACTE V, SCÈNE 1. o’J3

SCÈNE VII.

YerS’I. . . . De quel miilhour suis-je encore capable ?

On ost capal)Io d’iino résolution, d’une action vertueuse ou «•riminelle; on n’est point capable d’un malheur.

Vers 8. Poux-tu n’en prendre qu’un, et ni’ôtor tou?i les deux?

Elle veut dire en n’en prenant ipnin, car Rodogune ne pouvait pas prendre deux maris. Cette antithèse, en prendre v)i, et en ôter deux, est recherchée. J’ai déjà remarqué que rantithèsc est trop familière à la poésie française : ce pourrait bien être la faute de la langue, qui n"a point le nombre et l’harmonie de la latine et de la grecque ; c’est encore plus notre faute : nous ne travaillons pas assez nos vers, nous n’avons pas assez d’attention au choix des paroles, nous ne luttons pas assez contre les difficultés.^

Vers 16. J’ai commencé par lui, j’achèverai par eux.

Je ne sais si on sera de mon sentiment, mais je ne vois aucune nécessité pressante qui puisse forcer Cléopàtre à se défaire de ses deux enfants. Antioclius est doux et soumis ; Séleucus ne l’a point menacée. J’avoue que son atrocité me révolte ; et, quelque méchant que soit le genre humain, je ne crois pas qu’une telle résolution soit dans la nature. Si ses deux enfants avaient comploté de la faire enfermer, comme ils le devaient, peut-être la fureur pouvait rendre Cléopâtre un peu excusable; mais une femme qui, de sang-froid, se résout à assassiner un de ses fils et à empoisonner l’autre, n’est pour moi qu’un monstre qui me dégoûte. Cela est plus atroce que tragique. Il faut toujours, à mon avis, qu’un grand crime ait quelque chose d’excusable.

ACTE CINQUIÈME.

SCÈNE I.

Vers 1. Enfin, .grâces aux dieux! j’ai moins d’un ennemi, etc.

11 n’est point de serpent, ni de monstre odieux Qui, par l’art imité, ne puisse plaire aux yeux ’,

11 faut bien que cela soit ainsi, puisque le public écoute encore, non sans plaisir, ce monologue. Je ne puis trahir ma

1. Boileau, Art poétique, III, 1-2. 31. — CoMM. sir. Corneille. I. 38