Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome31.djvu/65

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C’est ainsi que les Juifs admirent la lèpre des murailles, ne sachant pas seulement ce que c’est que la moisissure. C’est cette même ignorance qui ordonnait, dans le Lévitique[1], qu’on lapidât le mari et la femme qui auraient vaqué à l’œuvre de la génération pendant le temps des règles. Les Juifs s’étaient imaginé qu’on ne pouvait faire que des enfants malsains et lépreux dans ces circonstances. Plusieurs de leurs lois tenaient de cette grossièreté barbare.

Ils étaient extrêmement adonnés à la magie, parce que ce n’est point un art, et que c’est le comble de l’extravagance humaine. Cette prétendue science était en vogue chez eux depuis leur captivité dans Babylone. Ce fut là qu’ils connurent les noms des bons et des mauvais anges, et qu’ils crurent avoir le secret de les évoquer et de les chasser.

L’histoire des roitelets juifs, qui probablement fut composée après la transmigration de Babylone, nous conte que le roitelet Saül, longtemps auparavant, avait été possédé du diable, et que David l’avait guéri quelquefois en jouant de la harpe. La pythonisse d’Endor avait évoqué l’ombre de Samuel. Un prodigieux nombre de Juifs se mêlait de prédire l’avenir. Presque toutes les maladies étaient réputées des obsessions de diables ; et du temps d’Auguste et de Tibère, les Juifs, ayant peu de médecins, exorcisaient les malades, au lieu de les purger et de les saigner. Ils ne connaissaient point Hippocrate ; mais ils avaient un livre intitulé la Clavicule de Salomon, qui contenait tous les secrets de chasser les diables par des paroles, en mettant sous le nez des possédés une petite racine nommée barath ; et cette façon de guérir était tellement indubitable que Jésus convient de l’efficacité de ce spécifique. Il avoue lui-même, dans l’Évangile de Matthieu[2], que les enfants même chassaient communément les diables.

On pourrait faire un très gros volume de toutes les superstitions des Juifs ; et Fleury, écrivain plus catholique que papiste, aurait bien dû en parler dans son livre intitulé les Mœurs des Israélites, « où l’on voit, dit-il, le modèle d’une politique simple et sincère pour le gouvernement des États, et la réformation des mœurs. »

On serait curieux de voir par quelle politique simple et sincère les Juifs, si longtemps vagabonds, surprirent la ville de Jéricho, avec laquelle ils n’avaient rien à démêler ; la brûlèrent d’un bout

  1. Chap. xv, versets 19, 24, 25.
  2. Matthieu, chapitre xii. (Note de Voltaire.)