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132 REMARQUES SUR NICOMÈDE.

Vers 5. J'ai tendresse pour loi, j'ai passion pour elle.

11 faut, pour l'exactitude, j'ai delà tendresse, j'ai de la passion; et pour la noblesse et l'élégance, il faut un autre tour.

Vers 12 Et que dois-je être ? — Roi.

Reprenez hautement ce noble caractère.

Un véritable roi n'est ni mari ni père;

Il regarde son trône, et rien de plus. Régnez.

Rome vous craindra plus que vous ne la craignez.

Ce morceau sublime, jeté dans cette comédie, fait voir com- bien le reste est petit. Il n'y a peut-être rien de plus beau dans les meilleures pièces de Corneille. Ce vrai sublime fait sentir combien l'ampoulé doit déplaire aux esprits bienfaits. 11 n'y a pas un mot dans ces quatre vers qui ne soit simple et noble, rien de trop ni de trop peu. L'idée est grande, vraie, bien placée, bien exprimée. Je ne connais point dans les anciens de passage qui l'emporte sur celui-ci. Il fallait que toute la pièce fût sur ce ton héroïque. Je ne veux pas dire que tout doive tendre au su- blime, car alors il n'y en aurait point ; mais tout doit être noble. Vicomède insulte ici un peu son père ; mais Prusias le mérite.

Vers 34. Quelle fureur t'aveugle en faveur d'une femme? Tu la préfères, lâche, à ce prix glorieux Que ta valeur unit au bien de tes aïeux.

Prusias ne doit point traiter son fils de lâche, ni lui dire qu'il est indigne de vivre après cette infamie. Il doit avoir assez d'esprit pour entendre ce que lui dit son fils, et ce que ce prince lui explique bientôt après.

Vers 46. Mais un monarque enfin comme un autre homme expire.

Quoique ce vers soit un peu prosaïque, il est si vrai, si ferme, si naturel, si convenable au caractère de Nicomède, qu'il doit plaire beaucoup, ainsi que le reste de la tirade. On aime ces vé- rités dures et fières, surtout quand elles sont dans la bouche d'un personnage qui les relève encore par sa situation.

SCÈNE IV.

Vers 3. Le sénat en ctfet pourra s'en indigner.

Mai j'ai quelques amis qui pourront le gagner.

Autre ironie de Flaminius.

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