Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome32.djvu/179

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ACTE V, SCÈNE Y. 169

��SCENE III.

Ces scènes sont beaucoup plus intéressantes que les autres,

parce qu'elles sont uniquement prises du sujet. On n'y disserte point, on n'\ cherche point à étaler des misons el des traits ingénieux : tout est naturel : mais il y manque ces grands mou- vements de terreur et de pitié qu'on attend d'une si affreuse situation. Cette tragédie pèche par toutes les choses qu'on y a introduites, et parcelles qui lui manquent.

SCÈXE IV.

Vers I. Ce jour est donc pour moi le grand jour de? malheurs, Puisque vous apportez un comble à mes douleurs, etc.

Je n'examine point si on apporte un comble à la douleur, s'il est bien de dire que son épouse est dans la fureur. Je dis que je re- trouve le véritable esprit de la tragédie dans cette scène d'Iphi- crate, où l'on ne dit rien qui ne soit nécessaire à la pièce, dans cette simplicité éloignée de la fatigante dissertation, dans cet art théâ- tral et naturel qui fait naître successivement tous les malheurs d'OEdipe les uns des autres. Voilà la vraie tragédie : le reste est du verbiage; mais comment faire cinq actes sans verbiage ?

Vers 61. Je serois donc Thébain à ce compte ? — Oui, seigneur.

Ne prenons point garde à ce compte. Ce n'est qu'une expression triviale qui ne diminue rien de l'intérêt de cette situation. Un mot familier et même bas, quand il est naturel, est moins répré- hensible cent fois que toutes ces pensées alambiquées, ces dis- sertations froides, ces raisonnements fatigants et souvent faux, qui ont gâté quelquefois les plus belles scènes de l'auteur.

SCÈXE V.

Vers 15. Qélas! je le vois trop, et vos craintes secrètes Qui vous ont empêché de vous entr'éclaircir, Loin de tromper l'oracle, ont fait tout réussir, etc.

Ici l'art manque. Œdipe exerce trop tôt son autre art de de- viner les énigmes. Plus de surprise, plus de terreur, plus d'hor- reur. L'auteur retombe dans ses malheureuses dissertations : voyez où m'a plongé votre fausse prudence, etc. Il est d'autant plus

�� �