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REMARQUES

SUR SERTORIUS

TRAGÉDIE REPRÉSENTÉE EN I (i 62.

��PRÉFACE DU COMMENTATEUR.

Après tant de tragédies peu dignes de Corneille, en voici une où vous retrouvez souvent l'auteur de Cinna ; elle mérite plus d'attention et de remarques que les autres. L'entrevue de Pompée et de Sertoriuseut le succès qu'elle méritait, et ce succès réveilla tous ses ennemis. Le plus implacable était alors l'abbé d'Aubignac, homme célèbre en son temps, et que sa Pratique du théâtre, toute médiocre qu'elle est, faisait regarder comme un législateur en littérature. Cet abbé, qui avait été longtemps prédicateur, s'était acquis beaucoup de crédit dans les plus grandes maisons de Paris. Il était bien douloureux, sans doute, à l'auteur de Cinna, de voir un prédicateur et un homme de lettres considé- rable écrire à M me la duchesse de Retz, à l'abri d'un privilège du roi, des choses qui auraient flétri un homme moins connu et moins estimé que Corneille.

« Vous êtes poète, et poète de théâtre (dit-il à ce grand homme dans sa quatrième dissertation adressée à M me de Retz): vous êtes abandonné à une vile dépendance des histrions: votre commerce ordinaire n'est qu'avec leurs portiers; vos amis ne sont que des libraires du Palais. Jl faudroil avoir perdu le sens, aussi bien que vous, pour être en mauvaise humeur du gain que vous pouvez tirer de vos veilles ci de vos empressements auprès des histrions et des libraires... Il vous arrive assez souvent, lorsqu'on vous loue, que vous n'êtes plus affamé de gloire, mais d'argent... Défaites-vous, monsieur de Corneille, de ces mau- vaises façons de parler, qui sont encore plus mauvaises que vos

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