Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome32.djvu/223

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ACTE III, SCÈNE IV. 213

pas d'elle. Ce sont là des intérêts qui n'ont rien de grand ni d'attendrissant.

Vers 20. Sortez de mon esprit, ressentiments jaloux...

Rentrez dans mon esprit, jaloux ressentiments... Plus de Sertorius... Venez, Sertorius..., etc.

Il n'y a personne qui puisse souffrir cet apprêt, ces refrains, ces jeux d'esprit compassés. Cela ressemble un peu à ces an- ciennes pièces de poésie nommées chants royaux, ballades, virelais ; amusements que jamais ni les Grecs ni les Romains ne connurent, excepté dans les vers phaleuques, qui étaient une espèce de poésie molle et efféminée où les refrains étaient admis, et quelquefois aussi dans l'églogue :

Ducite ab urbe domum, mea carmina, ducite Daphnim l .

Vers 29. Plus de Sertorius. Hélas! quoi que je die,

Vous ne me dites point, seigneur, plus d'Emilie.

Cela serait à sa place dans une pastorale ; mais dans une tra- gédie!

Vers 41. Ce qu'il vous fait d'injure également m'outrage; Mais enfin je vous aime, et ne puis davantage.

Ce qu'il fait d'injure est un barbarisme; mais je vous aime et ne puis davantage déshonore entièrement Pompée. Le vainqueur de Mithridate ne devait pas s'avilir jusque-là.

Vers 59. Elle porte en ses flancs un fruit de cet amour, etc.

Ce détail domestique, cette confidence de Pompée, qu'il ne couche point avec sa nouvelle femme, et qu'elle est grosse d'un autre, sont au-dessous de la comédie. De telles naïvetés qui suc- cèdent à la belle scène de l'entrevue de Pompée et de Sertorius justifient ce que Molière disait de Corneille, qu'il y avait un lutin qui tantôt lui faisait ses vers admirables, et tantôt le laissait tra- vailler lui-même.

Vers 66. Rendez-le-moi, seigneur, ce grand nom qu'elle porte.

C'est le lutin qui fit ce vers-là ; mais ce n'est pas lui qui fit

pour celles de ma sorte.

Et ce nom seul est tout pour celles de ma sorte. i. Virgile, Ed. VIII, v. 68.

�� �