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ACTE V, SCENE DERNIÈRE. 88S

qui sont restées au théâtre. Ce n'est pas même une tragédie . mais que de beautés de détail, et quel charme inexprimable règne presque toujours dans la diction ! Pardonnons à Corneille de n'avoir jamais connu ni cette pureté ni cette élégance ; mais comment se peut-il faire que personne depuis Racine n'ait ap- proché de ce style enchanteur? Est-ce un don de la nature? Est- ce le fruit d'un travail assidu ? C'est l'effet de l'un et de l'autre. Il n'est pas étonnant que personne ne soit arrivé à ce point de perfection ; mais il l'est que le public ait depuis applaudi avec transport à des pièces qui à peine étaient écrites en français, dans lesquelles il n'y avait ni connaissance du cœur humain, ni bon sens, ni poésie : c'est que des situations séduisent, c'est que le goût est très-rare. Il en a été de même dans d'autres arts. En vain on a devant les yeux des Raphaël, des Titien, des Paul Véro- nèse ; des peintres médiocres usurpent après eux de la réputa- tion, et il n'y a que les connaisseurs qui fixent à la longue le mérite des ouvrages.

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