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314 REMARQUES SIR ARIANE.

c'étail à sa sœur à la l'aire prier «le venir. Phèdre ne doit point

dire : Quoi ! Thésée ! Feindre en cette occasion del"étonncment,

c'est un artifice qui rend Phèdre odieuse.

Vers ii. Le ciel m'inspira bien quand, par l'amour séduite, Je vous lis, malgré vous, accompagner ma fuite. Il semble que des lors il me faisoit prévoir Le funeste besoin que j'en devois avoir.

Voilà quatre vers dignes de Racine.

Vers 51. Hélas! et plût au ciel que vous sussiez aimer!

Ce vers est encore fort beau, et par le naturel dont il est, et par la situation. Elle souhaite ([ne sa sœur connaisse L'amour; et pour son malheur Phèdre ne le connaît que trop. Il serait à sou- haiter que les vers suivants fussent dignes de celui-là.

��ACTE TROISIEME.

SCÈNE I.

Cette scène est une de celles qui devraient être traitées avec le plus d'art et d'élégance. C'est le mérite de bien dire qui seul peut donner du prix à ces dialogues, où l'on ne peut dire que des choses communes. Que serait Aiïcie, que serait Atalide, si l'auteur n'avait employé tous les charmes de la diction pour faire valoir un fond médiocre? C'est là ce que la poésie a de plus dif- ficile ; c'est elle qui orne les moindres objets.

Qui dit sans s'avilir les plus petites choses 1 ,

Fait des plus secs chardons des œillets et des roses.

In tenui labor, at tenuis non gloria*.

Ce rôle de Phèdre était très-délicat à traiter : quelque chose qu'elle dise pour se justifier, elle est coupable ; et dès qu'elle a fait l'aveu de sa passion à Thésée, on ne peut la regarder que comme une perfide qui cherche à pallier sa trahison. Cependant, il y a beaucoup d'art et de bienséance dans les reproches qu'elle se fait, et dans la résolution qu'elle semble prendre.

��1. Boileau, épître IX, ï ( J-50. '2. Virgile, Géorg., IV, ('..

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