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ACTE IV, SCÈNE III.

ACTE QUATRIÈME.

SCÈNE I.

Vers 3. Si l'arrêt qui me perd te semble à redouter. J'aime mieux le souffrir que de le mériter.

Voilà donc le comte d'Essex qui proteste nettement de son innocence. Elisabeth, dans cette supposition de l'auteur, esl donc inexcusable d'avoir fait condamner le comte ; la duchesse d'Irton s'est donc très-mal conduite en n'éclaircissant pas la reine. Il est condamné sur de faux témoignages, et la reine, qui l'adore, ne s'est pas mise en peine de se faire rendre compte des pièces du procès, qu'on lui a dit vingt fois être fausses. Une telle négligence n'est pas naturelle : c'est un défaut capital. Faites toujours penser et dire à vos personnages ce qu'ils doivent dire et penser : faites-les agir comme ils doivent agir. L'amour seul d'Elisabeth, dira-t-on, l'aura forcée à mettre Essex entre les mains de la justice ; mais ce même amour devait lui faire examiner un arrêt qu'on suppose injuste: elle n'est pas assez furieuse d'amour pour qu'on l'excuse. Essex n'est pas assez passionné pour sa duchesse ; sa duchesse n'est pas assez passionnée pour lui. Tous les rôles paraissent manques dans cette tragédie, et cependant elle a eu du succès. Quelle en est la raison? Je le répète, la situation des personnages attendris- sante par elle-même, et l'ignorance où le parterre a été long- temps.

SCÈNE II.

Vers 1. fortune ! o grandeur, dont l'amorce flatteuse Surprend, touche, éblouit une âme ambitieuse ! De tant d'honneurs reçus c'est donc là tout le fruit! etc.

Cette scène, ce monologue est encore une des raisons du succès. Ces réflexions naturelles sur la fragilité des grandeurs humaines plaisent, quoique faiblement écrites. Un grand seigneur qu'on va mener à l'échafaud intéresse toujours le public, et la représentation de ces aventures, sans aucun secours de la poésie, fait le même effet à peu près que la vérité même.

SCÈNE III.

Vers 1. Eh bien! de ma faveur vous voyez les effets.

Ce vers naturel devient sublime, parce que le comte d'Essex et Salsbury supposent tous deux que c'est en effet la faveur de la reine qui le conduit à la mort.

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