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ACTE V, SCÈNE VIII ET DERNIÈRE. 345

Il faut rassembler dans un même lieu, dans une même jour- née, des hommes et des femmes au-dessus du commun, qui, par des intérêts divers, concourent à un même intérêt, à une même action. Il faut intéresser des spectateurs de tout rang et de tout âge, depuis la première scène jusqu'à la dernière ; tout doit être écrit en vers, sans qu'on puisse s'en permettre ni de durs, ni de plats, ni de forcés, ni d'obscurs.

SCENE VIII ET DERNIÈRE.

Vers 50 C'est par lui que je règne.

Rien ne prouve mieux l'ignorance où le public était alors de l'histoire de ses voisins. Il ne serait pas permis aujourd'hui de dire qu'Elisabeth régnait par le comte d'Essex, qui venait de laisser détruire honteusement, en Irlande, la seule armée qu'on lui eût jamais confiée.

Vers 52. Par lui, par sa valeur, ou tremblants, ou défaits, Les plus grands potentats m'ont demandé la paix.

Il n'y a guère rien de plus mauvais que la dernière tirade «l'Elisabeth. Les plus grands potentats par Esse.c tremblants lui ont demandé la paix, après qu'elle doit tout à ses fameux exploits. Qui eut jamais pensé qu'il dut mourir sur un èchafaud? Quel revers! On voit assez que ces froides réflexions font tout languir; mais leder- nier vers est fort beau, parce qu'il est touchant et passionné.

Faisons que, d'un infâme et rigoureux supplice, Les honneurs du tombeau réparent l'injustice. Si le ciel à mes vœux peut se laisser toucher, Vous n'aurez pas longtemps à me la reprocher.

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