Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome32.djvu/446

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436 APPENDICE.

L'ua de l'autre jaloux, empressés à se nuire, L'intérêt les fil naître, il pourrait les détruire ; Un sage les modère, et de leurs factions Fait au bonheur public servir les passions. Mais ce n'est pas assez qu'un sage soit utile : Le magistrat français doit penser en édile; Il doit lever les yeux vers ces nobles Romains LJue le ciel fit en tout l'exemple des humains. C'était peu de tracer de leurs mains triomphantes Du Tibre au Pont-Euxin ces routes étonnantes, De transporter les flots des fleuves captivés Sur cent arcs triomphaux jusqu'au ciel élevés ; Rome, en grands monuments de tous côtés féconde, Donna des lois, des arts, et des fêtes au monde : L'univers, enchaîné dans un heureux loisir, Admira les Romains jusqu'au sein du plaisir. Paris ne cède point à l'antique Italie ; Chaque jour nous rassemble au temple du génie, A ces palais des arts, à ces jeux enchanteurs, A ces combats d'esprit qui polissent les mœurs : Pompe digne d'Alhène, où tout un peuple abonde; École des plaisirs, des vertus et du monde. Plus loin la presse roule, et notre œil étonné V voit un plomb mobile en lettres façonné, Mieux que chez les Chinois, sur des feuilles légères Tracer un monument d'immortels caractères. Protégez tous ces arts, ô vous, soutiens des lois, Ministres, confidents ou précepteurs des rois! Méritez que vos noms soient écrits dans l'histoire Par la main des talents, organes de la gloire. Colbert et Richelieu, les palmes dans les mains, De l'immortalité vous montrent les chemins. Regardez auprès d'eux ce vigilant génie, Successeur généreux 1 du prudent La Reynie, A qui Paris doit tout, et qui laisse aujourd'hui, Pour le bien des Français, deux fils dignes dejui. Ma voix vous nommerait, vous dont la vigilance Étend des soins nouveaux sur celte ville immense, Si vos jours, consacrés au maintien de nos luis, Vous laissaient un moment pour entendre ma voix; J'oserais, emporté par une heureuse ivresse,

��1. Marc-René de Voyer de Paultny, marquis d'Argenson, né à Venise le i no- vembre 1652, lieutenant général de police le 29 janvier 1697, installé le 8 évrier ; s:arde des sceaux le 28 janvier 1718; mort le 8 mai 1721. Ses deux fils furent amis de Voltaire et ministres.

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