Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome32.djvu/551

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

SUPPLEMENT AUX ŒUVRES EX PROSE. ,i (

Si c'est l'esprit immonde Ou celui de Dieu, Ou si c'est la chair et le monde Qui le met en feu.

« Certain mal me tourmente,

Dit-elle à Martin, Et nuit et jour je tente Tout remède humain. A présent je mets mon attente Au secours divin.

« Le démon qui m'agite

Ne se peut chasser ; Il faut de l'eau bénite

Pour l'exorciser, Et je viens, d'une àme contrite,

M'en faire arroser.

— De celte eau fortunée,

Dit le Père noir, J'en ai toute l'année

Un plein réservoir; Et Dieu sait sur vous quelle ondée

Bientôt va pleuvoir. »

Sans autre repartie,

Le dévot profes Prit en cérémonie

Son grand aspergés, Celui-là qu'aux jours de fério

11 portait exprès.

Quoi voyant, la chrétienne

Si fort s'étonna Qu'elle dit une antienne,

Trois fois se signa, Et trois fois, sans reprendre haleine,

Martin l'aspergea.

Le démon, voyant comme

On le va chassant, Dit : « Seigneur Dieu! quel homme !

Quel exorcisant! Non, jamais le pape de Rome

N'en ferait autant. »

�� �