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CORRESPONDANCE.

d’affaires et de fatigues. Je ferai imprimer ici notre Mariamne, ce qui m’y retiendra quelque temps. J’ai appris qu’on avait réimprimé mon poëme avec quelques autres pièces fugitives de moi. Je vais travailler à les faire saisir. Le soin de faire achever mon appartement et de le faire meubler m’emporte tout mon temps. Je suis entouré d’ouvriers, comme Mme  de Bernières. Tout cela altère un peu ma chétive santé. Je vis hier votre frère, qui m’a du moins épargné l’embarras de choisir des étoffes pour m’habiller, et qui m’a, en cela, beaucoup soulagé : car je ne vaux rien pour le détail.

Du reste, je ne sais aucune nouvelle. Je n’ai encore vu personne, et je pourrais bien sortir de Paris sans avoir rien vu que des imprimeurs et des livres. Je vous enverrai un poëme de la nouvelle édition, dès que j’en aurai attrapé un exemplaire, et à votre retour je vous montrerai bien des choses nouvelles qui auront, je crois, le mérite de vous amuser un peu.

P. S. Je ne sais, mon cher Thieriot, si je vous ai mandé que cette nouvelle édition du poëme est accompagnée de beaucoup de pièces fugitives, dont quelques-unes ne sont pas de moi, et dont les autres ne sont pas ce que j’ai fait de mieux. — Adressez votre lettre rue de Beaune, comme à l’ordinaire.



121. — À MADAME LA PRÉSIDENTE DE BERNIÈRES[1].

À Paris, ce lundi… août.

Je vis hier dimanche M. d’Argenson[2], dont vous recevrez incessamment une réponse ; mais, en attendant, je vous rendrai compte de ce qu’il m’a dit. M. de La Vieuville est près de conclure le mariage de sa fille avec un homme de robe de Paris, qui est pour sa fille un parti avantageux. M. d’Argenson n’a pas pu, dans ces circonstances, lui proposer une autre affaire. Tout ce que vous pouvez attendre de lui, c’est qu’il parle de M. de Lézeau, en cas que le mariage, qui est si avancé, vienne à se rompre ; mais je vous donne avis que M. de La Vieuville pense, sur le mariage de sa fille, d’une façon à désespérer tous ceux qui y prétendront. Comme il ne veut point pour gendre un homme de cour qui pourrait mépriser sa femme et son beau-père, il ne veut pas non plus d’un fils de famille, à qui on assurerait beau-

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Le comte d’Argenson, chancelier du duc d’Orléans.