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que ces messieurs voulaient n’être point cités ; malheureusement pour moi votre premier président[1] est venu à Paris, et il a conté toute l’affaire à M. Rouillé, qui est, avec raison, trôs-fâché contre moi. C’est bien ma faute, et je ne vous le mande que parce que vous vous intéressez à moi, et que j’aime autant m’entretenir avec vous quand j’ai tort que quand je pense avoir raison. Au reste, je n’ai encore aucune nouvelle de Zaïre ; elle devait arriver hier, lundi, et n’est point venue. À l’égard du Temple du Goût, je suis bien fâché de vous l’avoir déjà envoyé, car il est bien meilleur qu’il n’était : il vaudrait beaucoup mieux encore s’il avait été fait sous vos yeux.

Mandez-moi, je vous prie, où demeure, à Paris, votre premier président ; je veux l’aller voir, mais je ne lui parlerai de rien. Adieu ; mille compliments, pour l’année prochaine, à MM. de Formont, de Brévedent, et du Bourg-Theroulde. Je vous embrasse avec bien de la tendresse. V.


305. — Á M. DE MAUPERTUIS.
Paris.

Je devrais être chez vous, monsieur, pour vous remercier de vos nouvelles bontés ; mais des difficultés, des tracasseries, et des injustices assez singulières, que j’essuie depuis quelques jours, au sujet d’une préface que je destinais à Zaïre, ne me laissent pas un moment de libre. Il n’y a aucune de vos réflexions sur mes Lettres à laquelle je ne me sois rendu dans l’instant. Mais, malgré la vanité que j’ai de recevoir de vos lettres, mon petit amour-propre se sent obligé de vous dire que mon copiste avait passé une page entière où j’expliquais, tant bien que mal, le mouvement des prétendus tourbillons qu’on suppose emporter les planètes autour du soleil, et le mouvement de rotation de chaque globe en particulier, qu’on suppose être la cause de la pesanteur. Je me gardais bien de confondre ces deux romans ; mais l’omission de près d’une page a dû vous faire croire que je pensais que c’était la même matière subtile, qui, selon Descartes, faisait le mouvement annuel de la terre et la pesanteur. Je suis bien aise de me justifier auprès de vous de cette erreur, et de vous dire encore qu’on a mis aphélie, en un endroit, pour périhélie[2].

Je vous supplie de vouloir bien examiner s’il est vrai que Newton assure que la lumière n’est point réfléchie par le rebon-

  1. Camus de Pont-Carré ; voyez, plus haut, la note 1 de la lettre 207.
  2. Probablement dans le passage mis en variante, tome XXII, page 133.