Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome33.djvu/529

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gation d’être logé, et de demeurer avec vous. Je vous supplie d’ordonner qu’on fasse à la chaise qui doit vous amener les réparations nécessaires. Demoulin exécutera vos ordres : c’est un homme qui loge chez moi ; il doit vous remettre un paquet contenant deux serrures d’Angleterre et des livres. Je suis, monsieur, avec bien de l’impatience de vous revoir, votre très-humble et très-obéissant serviteur.

P.-S. J’ai prié le sieur Demoulin de vous remettre, monsieur, la somme de neuf cent vingt livres qu’il a à moi en dépôt, et que je vous supplie de m’apporter dans ma chaise.

On a trouvé le bronze à bronzer ; mais l’épicier avait envoyé une bouteille d’huile de noix au lieu d’huile de térébenthine de Paris.

Pourriez-vous acheter le livre de la Mécanique du feu des cheminées ? Je crois qu’il se vend rue de la Harpe, ou chez le libraire Houry, rue Saint-Jacques. Il serait aussi bien nécessaire que vous nous apportassiez le Secret des fumistes du roi : c’est ce qu’ils appellent du beau nom de Tambours de mathématiques.


496. — Á M. THIERIOT.
Cirey.

Je vous envoie, mon cher ami, ma réponse au cardinal Albéroni ; vous ferez de sa lettre et de la mienne l’usage que vous croirez le plus propre ad majorem rei litterarix gloriam. Vous n’avez pas entendu parler sans doute d’un certain Jules César, qui a été joué assez bien, dit-on, au collège d’Harcourt. C’est une tragédie de ma façon, dont je ne sais si vous avez le manuscrit. Je ne suis plus qu’un poète de collège. J’ai abandonné deux théâtres qui sont trop remplis de cabales, celui de la Comédie française et celui du monde. Je vis heureux dans une retraite charmante, fâché seulement d’être heureux loin de vous. Il me parait que nous sommes l’un et l’autre assez contents de notre destinée. Vous buvez du vin de Champagne avec Pollion La Popelinière ; vous assistez à de beaux concerts italiens ; vous voyez les pièces nouvelles ; vous êtes dans le tourbillon du monde, des belles-lettres, et des plaisirs ; moi, je goûte, dans la paix la plus pure et dans le loisir le plus occupé, les douceurs de l’amitié et de l’étude, avec une femme unique dans son espèce, qui lit Ovide et Euclide, et qui a l’imagination de l’un et la justesse de l’autre. Je donne tous les jours quelque coup de pinceau à ce beau siècle de Louis XIV, dont je veux être le peintre et non