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501 – Á. M. ***[1].
médecin
À Cirey, le 27 août 1735.

Je vous suis très-obligé, monsieur, de votre recette, et encore plus du plaisir que m’a fait votre visite. Votre société me paraît aussi désirable que vos consultations. Heureux les malades qui vous ont pour médecin, et les gens bien sains qui vous ont pour ami ! Mme la marquise du Châtelet aime trop l’esprit, le savoir et le mérite, pour ne pas souhaiter de vous voir, vous et monsieur votre frère. Elle ne songe à avoir des appartements commodes dans son château que pour y attirer des personnes comme vous. Je partage ses sentiments, et j’y joins celui de la reconnaissance. Je fais mille compliments à monsieur votre frère. Les gens de lettres qui aiment la vertu et la liberté de penser sont amis avant de s’être vus.

Je suis bien véritablement, monsieur, etc.

502. — AU P. TOURNEMINE.
jésuite
1735.

Mon très-cher et révérend Père, j’ai toujours aimé la vérité, et je l’ai cherchée de bonne foi. C’est ce témoignage que je me rends à moi-même qui m’enhardira toujours à ne me pas croire indigne de votre commerce et de votre amitié.

J’attends de la bonté de votre cœur, et de l’amour que vous avez en connaissance de cause pour les vérités que je cherche, que vous voudrez bien répondre à ma lettre par quelques instructions, et communiquer mes doutes à vos amis.

Je sais que vous êtes un peu paresseux d’écrire ; mais vous ne l’êtes ni de penser, ni de rendre service. Daignez donc dicter une réponse. J’en ai trop besoin pour que vous la refusiez. Je ne me plaindrai point ici des injustices que j’ai essuyées, et des cris du parti janséniste. On s’est cru obligé de me sacrifier pour quelque temps. Il n’est pas étonnant que des gens qui font Dieu si cruel le soient eux-mêmes. Il ne s’agit ici que de quelques

  1. Cette lettre, imprimée dans la Revue littéraire, janvier 1806, page 57, avait été envoyée à Mme de Vouldy, dame et chanoinesse de Poulangis, pour qu’elle la remît à son adresse. Le nom du médecin est inconnu. (B.)