Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome34.djvu/145

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court sous mon nom. Il faut encore m’envoyer cela : car nous aimons les vers, tout philosophes que nous sommes à Cirey.

Or qu’est-ce que Pharamomd[1] ? A-t-on joué Alzire à Londres ? Écoutez, mon ami, gardez-moi, vous et les vôtres, le plus profond secret sur ce que vous avez lu chez moi[2], et qu’on veut représenter à toute force.

J’ai grand’peur que le petit Lamare, grand fureteur, grand étourdi, grand indiscret, et super hæc omnia ingratissimus, n’ait vu le manuscrit sur ma table : en ce cas, je le supprimerais tout à fait. Émilie vous fait mille compliments. Ne m’oubliez pas auprès de Pollion et de vos amis. Adieu, mon ami, que j’aimerai toujours. Que devient le père d’Aglaure ? Adieu, écrivez-moi sans soin, sans peine, sans effort, comme on parle à son ami, comme vous parlez, comme vous écrivez. C’est un plaisir de griffonner nos lettres ; une autre façon d’écrire serait insupportable. Je les trouve, comme notre amitié, tendres, libres et vraies.


648. — À M. BERGER.
Cirey.

Je vous prie, mon cher monsieur, de vouloir bien m’envoyer les premières feuilles de la Henriade, dans un paquet. Si tout le poëme est imprimé à présent, ayez la bonté de faire tenir un exemplaire à l’abbé Moussinot, qui me l’enverra par le coche de Bar-sur-Aube. Par quel chemin m’avez-vous donc envoyé toutes ces nouveautés dont vous me parlez ? Je n’en ai reçu aucune, et voilà trois ordinaires sans le moindre mot de vous. Je suis toujours un peu languissant. Je n’ai point d’esprit. J’attends vos lettres pour en avoir.

Faites-moi voir, je vous prie, cette Réponse que je crois de La Chaussée ; mais surtout écrivez-moi. J’aime mieux votre prose que la plupart des vers de tous nos auteurs.


649. — À M. DE LA FAYE[3],
secrétaire du cabinet du roi.
Septembre.

On vous attend à Cirey, mon cher ami ; venez voir la maison dont j’ai été l’architecte. J’imite Apollon : je garde des troupeaux,

  1. Tragédie de Cahusac, jouée le 14 août 1736.
  2. L’Enfant prodigue.
  3. Jean-François Leriget de La Faye, mort à Gênes en 1747 des suites de ses blessures, était fils de Jean-Élie de La Faye, mort en 1718 ; voyez tome XIV, page 88.