Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome34.djvu/154

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vous l´avez donc hardiment mis sous ce nom sacré ? Le Nouveau Testament m’est plus favorable que l´Ancien ; on n’a pas passé à l´Opéra ce Samson, dont l´histoire n’est écrite que par Esdras (connaissez-vous Esdras ? ), et on reçoit à belles baisemains une parabole prise tout net d’après qui vous savez (connaissez-vous qui vous savez ? ). Voilà comme tout va dans ce monde. Quand vous vous mêlez défaire passer quelque chose, il faut qu’il passe.

Divine Thalie, envoyez-moi cet enfant tel qu’il a paru, afin que je le rende un peu moins indigne de tant de bontés. M. d’Argental était-il à Paris ? A-t-il vu baptiser notre enfant ? On parle d’un discours de Grandval, d’un habit tragique à moitié mis. Vous avez conduit cette grande intrigue en personne capable de tout, en vérité ; vous êtes admirable. Vos lettres me font plus de plaisir que le succès ; Émilie est enchantée de vous, et vous fait bien des compliments. Je vous suis attaché pour toute ma vie. V.


658. — À M. BERGER.
Cirey.

Je devais, mon cher correspondant, plus que de la prose au prince royal de Prusse, mais j’ai honte de lui envoyer des vers aussi peu châtiés. Ayez la honte de remettre le paquet cacheté au ministre de Prusse. Je ne sais si c’est un envoyé ou un ambassadeur. Mandez-moi de quelle espèce il est, et où il demeure. À l’égard de l´Èpître[1], notre Thieriot a droit sur tout ce que je fais. Il peut voir mon ours mal léché, il a toujours les prémices. Mais, messieurs, que ces vers ne courent pas, et pour l’honneur de la poésie, et pour les vérités qu’ils renferment. Je ne veux pas que le public soit le confident de mon petit commerce avec le prince royal de Prusse.

Voici un petit mot pour Prault. Il est permis de changer d’avis.

« M. Prault est prié de refaire le carton en question de cette dernière façon-ci, que je ne changerai plus :

Près de ce jeune roi s’avance avec splendeur
Un héros que de loin poursuit la calomnie…

(Henriade, ch. VII, v. 410.)

Voilà le dernier changement que je ferai à la Henriade. Je prie M. Prault de m´envoyer la copie de ce carton imprimée, et de

  1. Voyez, tome X, l’Épitre au prince royal, datée d’octobre 1736.