Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome34.djvu/198

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ser l’attachement[1] respectable qui vous a conduit où tous êtes.

Je crois que j’irai bientôt en Prusse voir un autre prodige. C’est le prince royal, qui est à peu près de votre âge, et qui pense comme vous. Je compte, à mon retour, passer par la Hollande, et avoir l’honneur de vous y embrasser. Un de mes amis, qui va à Leyde, et qui doit y passer quelque temps, sera, en attendant, si vous le voulez bien, le lien de notre correspondance. Il s’appelle de Révol[2] ; il est sage, discret, et bon ami. Ce sera lui qui vous fera tenir ma lettre ; vous pourrez vous confier à lui en toute sûreté. Je ne lui ai point dit votre demeure, et vous resterez le maître de votre secret : je lui ai dit seulement qu´il pouvait vous écrire chez M. Prosper[3] à la Haye.

Adieu, monsieur ; permettez-moi de présenter mes respects à la personne qui vous retient où vous êtes.


698. — À M. BERGER.
À Cirey, le 12 décembre.

Je reçois votre lettre du 8. Je fais partir, par cet ordinaire, la pièce[4] et la préface, pour être imprimées par le libraire qui en offrira davantage : car je ne veux faire plaisir à aucun de ces messieurs, qui sont, comme les comédiens, créés par les auteurs, et très-ingrats envers leurs créateurs.

Je suis indigné contre Prault de ce qu’il ne m’envoie point le carton du portrait[5] de M. le duc d’Orléans, et de ce qu’il ne m’envoie point la préface[6] imprimée, et de ce qu’il a l’impertinence de ne pas répondre exactement à mes lettres. Faites-lui sentir ses torts, et punissez-le en donnant la pièce à un autre.

Vous aurez la Newtonade[7] ou plutôt l´Eucliade. Thieriot doit vous la faire voir ; mais il faut être un peu philosophe pour aimer cela.

Je vous prie de passer chez l’abbé Moussinot ; il y a une très-jolie pendule d’or moulu, dont je veux faire présent à Mlle  Qui-

  1. Mlle  Cochois, comédienne, que Voltaire appelle plus bas mademoiselle Lecouvreur d’Utrecht, et de laquelle il parle autrement dans ses Mémoires. Voyez plus haut une note de la lettre 661.
  2. Révol est le nom sous lequel Voltaire resta d’abord en Hollande.
  3. C’était peut-être Prosper Marchand, libraire. (Cl.)
  4. L’Enfant prodigue.
  5. Dans le chant VII de la Henriade. v. 440.
  6. Celle de Linant.
  7. Voyez une note de la lettre 637.