ser l’attachement[1] respectable qui vous a conduit où tous êtes.
Je crois que j’irai bientôt en Prusse voir un autre prodige. C’est le prince royal, qui est à peu près de votre âge, et qui pense comme vous. Je compte, à mon retour, passer par la Hollande, et avoir l’honneur de vous y embrasser. Un de mes amis, qui va à Leyde, et qui doit y passer quelque temps, sera, en attendant, si vous le voulez bien, le lien de notre correspondance. Il s’appelle de Révol[2] ; il est sage, discret, et bon ami. Ce sera lui qui vous fera tenir ma lettre ; vous pourrez vous confier à lui en toute sûreté. Je ne lui ai point dit votre demeure, et vous resterez le maître de votre secret : je lui ai dit seulement qu´il pouvait vous écrire chez M. Prosper[3] à la Haye.
Adieu, monsieur ; permettez-moi de présenter mes respects à la personne qui vous retient où vous êtes.
Je reçois votre lettre du 8. Je fais partir, par cet ordinaire, la pièce[4] et la préface, pour être imprimées par le libraire qui en offrira davantage : car je ne veux faire plaisir à aucun de ces messieurs, qui sont, comme les comédiens, créés par les auteurs, et très-ingrats envers leurs créateurs.
Je suis indigné contre Prault de ce qu’il ne m’envoie point le carton du portrait[5] de M. le duc d’Orléans, et de ce qu’il ne m’envoie point la préface[6] imprimée, et de ce qu’il a l’impertinence de ne pas répondre exactement à mes lettres. Faites-lui sentir ses torts, et punissez-le en donnant la pièce à un autre.
Vous aurez la Newtonade[7] ou plutôt l´Eucliade. Thieriot doit vous la faire voir ; mais il faut être un peu philosophe pour aimer cela.
Je vous prie de passer chez l’abbé Moussinot ; il y a une très-jolie pendule d’or moulu, dont je veux faire présent à Mlle Qui-
- ↑ Mlle Cochois, comédienne, que Voltaire appelle plus bas mademoiselle Lecouvreur d’Utrecht, et de laquelle il parle autrement dans ses Mémoires. Voyez plus haut une note de la lettre 661.
- ↑ Révol est le nom sous lequel Voltaire resta d’abord en Hollande.
- ↑ C’était peut-être Prosper Marchand, libraire. (Cl.)
- ↑ L’Enfant prodigue.
- ↑ Dans le chant VII de la Henriade. v. 440.
- ↑ Celle de Linant.
- ↑ Voyez une note de la lettre 637.