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707. — À M. BERGER.
Amsterdam, le 3 janvier 1737.

Je compte toujours, monsieur, sur votre amitié. J’ai reçu votre lettre du 9 du mois passé. Je ne peux y répondre de ma main, étant tombé malade à Aix-la-Chapelle. Vous me ferez un sensible plaisir de m’écrire des nouvelles une ou deux fois par semaine. Vous savez combien j’aime vos lettres. Je regarderai cette assiduité comme un service d’ami, et vous pouvez compter sur ma reconnaissance, comme je compte sur une discrétion extrême : c’est une vertu nécessaire dans les petites choses, et sans laquelle les hommes les plus indifférents et les plus innocents pourraient être empoisonnés.

Mon adresse est tout simplement : À messieurs Servau[1] et d’Arti, à Amsterdam. En quelque endroit que je sois, ils me feront tenir mes lettres très-exactement. Je vous embrasse de tout mon cœur.


708, — AU PRINCE ROYAL DE PRUSSE.
À Leyde, janvier.

Monseigneur, si j’étais malheureux je serais bientôt consolé. On m’apprend que Votre Altesse royale a daigné m’envoyer son portrait : c’est ce qui pouvait jamais m’arriver de plus flatteur, après l’honneur de jouir de votre présence. Mais le peintre aurat-il pu exprimer dans vos traits ceux de cette belle âme à laquelle j’ai consacré mes hommages ? J’ai appris que M. Chambrier[2] avait retiré le portrait à la poste ; mais sur-le-champ Mme la marquise du Châtelet, Émilie, lui a écrit que ce trésor était destiné pour Cirey. Elle le revendique, monseigneur ; elle partage mon admiration pour Votre Altesse royale ; elle ne souffrira pas qu’on lui enlève ce dépôt précieux ; il fera le principal ornement de la maison charmante qu’elle a bâtie dans son désert. On y lira cette petite inscription : Vultus Augusti, mens Trajani.

Apparemment, monseigneur, que le bruit du présent dont vous m’avez honoré a fait croire que j’étais en Prusse. Toutes les gazettes le disent : il est douloureux pour moi qu’en devinant si bien mon goût elles aient si mal deviné mes marches. Vous ne doutez pas, monseigneur, de l’envie extrême que j’ai d’aller vous

  1. Ce négociant est nommé Ferrand dans une lettre de Mme du Châtelet à d’Argental. (Cl.)
  2. Le baron de Chambrier, envoyé de Prusse à Paris.