Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome34.djvu/241

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sans relire auparavant le contrat, que je suppose que vous avez.

Le principal de la dette de M. de Richelieu est de 46,417 au 5 mai 1735.

Il faut y joindre les intérêts jusqu’au jour du payement, comme le transport le porte. Il faut savoir encore si cela est sujet au dixième, la dette étant antérieure à l’établissement du dixième. Vous pourriez toujours recevoir, sauf à revenir à mes droits.

Songez bien qu’au 5 mai 1737 il me revient à prendre sur la terre de Bouillé-Ménard 52,058 francs dont je ne crois pas que je doive le dixième. Vous vous en informerez. Vale.


730. — À M. S’GRAVESANDE[1].
Cirey.

Vous vous souvenez, monsieur, de l’absurde calomnie qu’on[2] fit courir dans le monde, pendant mon séjour en Hollande. Vous savez si nos prétendues disputes sur le spinosisme et sur des matières de religion ont le moindre fondement. Vous avez été si indigné de ce mensonge que vous avez daigné le réfuter publiquement ; mais la calomnie a pénétré jusqu’à la cour de France, et la réfutation n’y est pas parvenue. Le mal a des ailes, et le bien va à pas de tortue. Vous ne sauriez croire avec quelle noirceur on a écrit et parlé au cardinal de Fleury. Vous connaissez par ouï-dire ce que peut le pouvoir arbitraire. Tout mon bien est en France, et je suis dans la nécessité de détruire une imposture que, dans votre pays, je me contenterais de mépriser, à votre exemple.

Souffrez donc, aimable et respectable philosophe, que je vous supplie très-instamment de m’aider à faire connaître la vérité. Je n’ai point encore écrit au cardinal pour me justifier. C’est une posture trop humiliante que celle d’un homme qui fait son apologie ; mais c’est un beau rôle que celui de prendre en main la défense d’un homme innocent. Ce rôle est digne de vous, et je vous le propose comme à un homme qui a un cœur digne de son esprit. Il y a deux partis à prendre, ou celui de faire parler

  1. On voit plus haut (dans la lettre 709), que Voltaire avait consulté S’Gravesande, à Leyde, sur les Éléments de la Philosophie de Newton, qu'il se proposait de publier ; mais, comme le dit M. de Gérando (Biographie universelle), le savant Hollandais, tout en admirant la facilité et l’élégance avec lesquelles Voltaire avait traité ces matières, ne put lui prêter le secours que celui-ci désirait. Guillaume-Jacob S’Gravesande est mort à la fin de février 1742. (Cl.)
  2. J.-B. Rousseau.