Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome34.djvu/268

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

miroirs concaves dans mon livre. En attendant, permettez que je vous consulte sur un fait d’une autre nature, qui me paraît très-important.

M. Godin, après le chevalier de Louville, assure enfin que l’obliquité de l’écliptique a diminué de près d’une minute depuis l’érection de la méridienne de Cassini à Saint-Pétrone, il est donc constant que voilà une nouvelle période, une révolution nouvelle qui va changer l’astronomie de face.

Il faut ou que l’équaleur s’approche de l’écliptique, ou l’écliptique de l’equateur. Dans les deux cas, tous les méridiens doivent changer peu à peu. Celui de Saint-Pétrone a donc changé’ ; il est donc midi un peu plus tôt qu’il n’était. A-t-on fait sur cela quelques observations ? Le système du changement de l’obliquité, qui entraîne une si grande révolution, pourrait-il subsister sans qu’on se fût aperçu d’une aberration sensible dans le mouvement apparent des astres ? Je vous prie de me mander quelle nouvelle on sait du ciel sur ce point-là.

N’a-t-on point quelques nouvelles aussi sur les mesures des degrés vers le pôle ? Je serais bien attrapé si la terre n’était pas un sphéroïde aplati aux deux extrémités de l’axe ; mais je crois encore que M. de Maupertuis trouvera la terre comme il l’a devinée. Il est fait pour s’être rencontré avec celui que Platon appelle l’éternel Géomètre.

On ne peut être avec plus d’estime que moi, monsieur, votre, etc.


748. — DE FRÉDÉRIC, PRINCE ROYAL DE PRUSSE.
Amalthée, 14 mai 1737[1].

Monsieur, je vous demande excuse de l’injustice que je vous ai faite, et à votre sincérité dans ma dernière lettre[2]. Je suis charmé de m’être trompé, et de voir que vous me connaissez assez pour vouloir relever les fautes que j’ai faites.

Je passe condamnation au sujet de mon ode[3]. Je conviens de toutes les fautes que vous me reprochez ; mais loin de me rebuter, je vous importunerai encore avec quelques-unes de mes pièces, que je vous prierai de vouloir corriger avec la même sévérité. Si je n’y profite autrement, je trouve toujours ce moyen heureux pour vous escroquer quelques bons vers.

Les grâces, qui partout accompagnent vos pas,
En prêtant à mes vers le tour qu’ils n’avaient pas,

  1. Les Œuvres posthumes portent : « Ruppin, 20 mai 1737. »
  2. Du 9 mai, n° 745.
  3. 'Sur l’Oubli.