Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome34.djvu/320

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Si vous voulez vendre une action, je n’y vois pas grand mal : on ne perd jamais son dividende, car, lorsqu’on les vend avec le dividende, on les vend soixante-quinze francs plus cher, approchant, et, sans dividende, soixante-quinze francs de moins. Il est vrai que leur prix varie vers les époques du payement des dividendes, c’est-à-dire, de six mois en six mois ; mais cela va à peu de chose, et d’ailleurs il vaut mieux sacrifier quelques pistoles que de vous donner la peine d’aller encore chez le sieur Bronod, ou d’avoir la patience d’attendre le payement de la rente viagère. Faites donc à votre gré, et pour le mieux ; mais que le sieur Hébert ait ses cinquante louis. Je crois que M. Bronod les donnera ; mais s’il ne les donnait pas, je crois qu’il faudrait vendre l’action.

Voici un petit billet de Mme du Châtelet pour M. Bronod, qui doit finir l’affaire.

À l’égard du sieur Robert, vous lui avez donc donné en dernier lieu cinquante livres pour ses honoraires ? Mais les trois louis que vous lui aviez donnés il y a deux ou trois mois, c’était donc pour ses avances ? Je ne peux m’imaginer qu’un procureur se soit avisé de faire des frais pour trente-six livres, puisque je n’ai point eu d’affaires. Apparemment que j’ai eu quelque procès sans le savoir. Ce mémoire de frais m’a l’air d’un mémoire d’apothicaire.

L’intendant de M. de Richelieu se moque de me demander des billets. Je ne suis point directeur de la Comédie, et n’ai point de billets à donner. Vous pourrez lui faire un petit présent ; mais, au préalable, il faut qu’il y ait une bonne délégation pour que je reçoive sur Bouillé-Ménard, et une autre délégation pour que je reçoive dorénavant ma rente de quatre mille francs régulièrement.

Je ne sais ce que veut M. de Mouhy. Je ferai donner bientôt quelque chose à d’Arnaud ; mais je vous supplie de ne dire ni où je suis, ni ce que je fais, à d’Arnaud, ni à personne.

Adieu, mon cher ami.


776. — DE FRÉDÉRIC, PRINCE ROYAL DE PRUSSE.
Remusberg. 27 août.

Monsieur, Césarion m’a transporté en esprit à Cirey. Il m’en fait une description charmante ; et ce qui me ravit au possible, c’est qu’il m’assure que vous surpassez de beaucoup la haute idée que je m’étais faite de vous.

Il semble que la maladie vous tienne tous les doux, pour que le pauvre