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831. — À M. LE LIEUTENANT GÉNÉRAL DE POLICE[1].
Ce 21 février 1738.

J’ai toujours eu une si grande confiance dans vos bontés pour moi que j’ai négligé de vous importuner au sujet du désistement que Jore remit entre vos mains et des papiers concernant cette affaire. Je fis tout ce que vous m’aviez prescrit dès l’instant que je le pus, et M. d’Argental m’a mandé, il y a plus d’un an, que vous étiez content.

Si vous vouliez bien ordonner, monsieur, à celui de vos secrétaires qui a les papiers en question entre les mains de me les renvoyer, je vous serais très-obligé. Je suis dans la nécessité de prendre toutes les sûretés possibles contre un homme tel que Jore, dont vous connaissez la scélératesse.


832. — À MADEMOISELLE QUINAULT.
22, à Cirey.

Charmante Thalie, puisque vous voulez bien jouer cet enfant que je vous ai fait, ayez donc la bonté de finir le quatrième acte à ces vers :

De la nature il faut que le retour
Soit, s’il se peut, l’ouvrage de l’amour.

Ne ferez-vous point quelque jour le même honneur à cette Alzire qui vous a déjà tant d’obligation ?

Il est bien vrai que si j’avais l’honneur de vous voir, je ne travaillerais que pour vous, et je ne croirais que vous. Je ne demande point l’amitié du sieur Guyot de Merville ; je demande seulement que vous lui fassiez connaître par un mot (et un mot de vous porte coup), qu’il ne doit point farcir ses préfaces d’injures inutiles contre des personnes qui ne lui ont jamais nui ; rendez-le, si vous pouvez, honnête homme et bon auteur, et sans qu’il vous en coûte qu’un petit conseil donné à propos. Vous savez obliger aussi bien que plaisanter, et je sais que Thalie est un honnête homme.

Mèrope est prodigieusement corrigée et limée : elle ressemble à Amasis, parce qu’il y a une mère ; elle ressemble à Gustave Vasa, parce qu’il y a un fils ; mais elle ne ressemble à rien, puisqu’elle est sans amour.

J’ai taillé bien de la besogne au jeune homme aimable que

  1. Editeur, Léouzou Leduc.