Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome34.djvu/483

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hommes toute la noblesse du royaume, et il s’y trouve beaucoup de gens d’esprit et accoutumés à la bonne compagnie. Je vous ennuie ; adieu, monsieur ; mon mari me charge de vous faire mille compliments. Il veut absolument être aimé de vous. J’ai eu toutes les peines du monde à l’empêcher de vous écrire le premier ; je lui ai volé ce plaisir. Voudrez-vous bien vous ressouvenir de la promesse que vous nous avez faite de nous envoyer toutes les balivernes qui se font journellement à Paris ; c’est un service dont nous serons bien reconnaissants. Vous aurez la bonté d’adresser tout cela à M. Denis, frère de mon mari, qui demeure dans la maison que nous occupions à Paris.

Traitez-nous, je vous prie, comme le prince de Prusse, et soyez persuadé qu’il n’y a rien de trop bon ni de trop mauvais pour nous. C’est une ressource infinie en province pour la conversation, surtout quand on est obligé d’entretenir beaucoup de gens que l’on ne connaît point, et dont on ne se soucie guère. Le petit ménage attend de vos nouvelles avec impatience. Il vous demande votre amitié. Vous la lui devez, monsieur, si vous n’êtes point ingrat.

Mignot Denis.

866. — À M. THIERIOT[1].
11 mai.

Je reçois votre lettre du 7 mai, Père Mersenne ; je vous dis qu’en sautant par-dessus ce qui est trop géométrique, vous entendrez très-bien mon petit newtonisme. Il n’est pas pour les dames[2]. Mais je suis sûr que le commentateur charmant ou charmante de Rameau l’entendra et le jugera.

M. Pitot avait été beaucoup plus content du système planétaire que de l’explication de la lumière ; mais si M. Nicolle[3] et M. Brémont[4] ne pensent pas de même, il faut les en croire, et préférer toujours celui qui critique à celui qui loue. Je persiste dans le dessein de faire imprimer l’ouvrage à Paris ; j’espère en obtenir la permission ; et si M. Nicolle veut bien avoir la bonté de mettre par écrit ce qu’il trouve à redire, il me rendra grand service : j’en instruirai le public, et je publierai ma reconnaissance.

Voici une petite addition pour le Journal des Savants. Jamais je n’ai rien dit de si vrai, ni de si bon gré ; je vous prie de le faire présenter au journal, et d’en faire beaucoup d’usage.

Je n’ai point encore vu mon livre. Tout le monde l’a, hors

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Comme celui d’Algarotti.
  3. Auteur de la Géographie moderne.
  4. De l’Académie des sciences.