Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome34.djvu/573

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de son avis sur quelques points de physique qu’il avance dans ces deux chapitres ; je prends la liberté d’embrasser contre lui lopinion des Newton, des Grégory, des Pemberton et des S’Gravesande, sur les marées et sur la précession des équinoxes, qui me paraissent une suite évidente de la gravitation. Je suis encore très-loin de croire avec lui que la lumière zodiacale soit composée de petites planètes, et que l’anneau de Saturne soit un assemblage de plusieurs lunes. Je ne connais surtout d’autre explication physique de l’anneau de Saturne que celle que M. de Maupertuis en a donnée dans son livre de la Figure des astres. Cette belle idée de M. de Maupertuis est toute fondée sur la physique newtonienne, et j’en aurais sûrement enrichi mes Éléments si les libraires m’en avaient donné le temps, et s’ils n’avaient pas fait finir mon livre par une autre main, pendant la longue maladie qui m’a empêché d’y travailler. Mais, quoique je diffère sur tant de points avec le continuateur, je ne lui en ai pas témoigné moins d’estime dans mes nouveaux éclaircissements sur ce livre, persuadé que, pour être philosophe, on ne doit point être impoli, et qu’il n’est permis de parler durement qu’à un malhonnête homme. Je le remercie donc de la peine qu’il a bien voulu prendre de corriger des fautes de copistes, d’imprimeur et de graveurs, et surtout les miennes, qui, comme on le dit très-bien, sont des excès d’inadvertance ou d’ignorance.

Je ne sais comment il est arrivé qu’aucune de ces fautes ne se trouve dans le manuscrit de ma main, que j’ai eu l’honneur de faire remettre à monseigneur le chancelier de France, qu’il a examiné lui-même avec attention, et dont toutes les pages ont été lues, signées, et approuvées, avec des éloges trop flatteurs, par M. Pitot, de l’Académie des sciences, et par M, de Moncarville, examinateurs des livres ; mais, comme j’ai beaucoup plus d’envie de voir le public bien servi que de soutenir ici une querelle personnelle, à mon gré fort inutile, je supplie le continuateur de vouloir bien ajouter à tous les soins qu’il a pris celui de faire corriger encore quelques fautes qui restent dans l’édition des sieurs Ledet,

Dès que l’édition des sieurs Ledet parut à Paris, les libraires de Paris en firent une autre qui lui était entièrement conforme ; elle est intitulée de Londres, parce qu’ils n’ont eu qu’une permission tacite. J’ai obtenu qu’ils corrigeassent toutes les fautes de leur édition, et qu’ils imprimassent des feuilles nouvelles. J’ai envoyé les mêmes additions et les mêmes changements aux libraires de Hollande, à qui j’avais fait présent de cet ouvrage ; ils doivent avoir la même attention que ceux de Paris ; ils doivent