Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome35.djvu/131

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les personnes que je vous ai prié de voir, et après avoir procuré avec adresse et sans vous commettre ce procès-verbal, votre mission sera faite.

Recommandez surtout au chevalier de Mouhy de ne rien faire sans m’avertir ; que l’ancien mémoire ne lui reste point entre les mains ; qu’il attende le nouveau.

J’ai encore corrigé le mémoire pour la troisième fois.

Ainsi attendez cette troisième leçon, que j’envoie à M. d’Argental, et que j’enverrai à plusieurs magistrats, avant qu’il soit imprimé.

Écrivez-moi que cette affaire demande absolument ma présence à Paris, et brûlez ma lettre.

Je vous aime de tout mon cœur. Adieu.

Surtout que le chevalier de Mouhy détruise le ridicule soupçon qu’on a que je suis l’auteur du Préservatif.

Je vous prie de m’envoyer aussi les œuvres de l’abbé Nadal, qui se vendent chez Briasson.

Écrivez à M. d’Argental que, s’il y a quelque chose à faire copier, quelque course à faire, argent, carrosses, services, tout est prêt. Vale.


1030. — À FRÉDÉRIC, PRINCE ROYAL DE PRUSSE.
À Cirey, le 18 janvier.

Monseigneur, Votre Altesse royale est plus Fédéric[1] et plus Marc-Aurèle que jamais. Les choses agréables partent de votre plume avec une facilité qui m’étonne toujours. Votre instruction pastorale est du plus digne évêque. Vous montrez bien que ceux qui sont destinés à être rois sont en effet les oints du Seigneur. Votre catéchisme est toujours celui de la raison et du bonheur. Heureuses vos ouailles, monseigneur ! le troupeau de Cirey reçoit vos paroles avec la plus grande édification.

Votre Altesse royale me conseille, c’est-à-dire m’ordonne de finir l’histoire du Siècle de Louis XIV. J’obéirai, et je tâcherai même de l’éclaircir avec un ménagement qui n’ôtera rien à la vérité, mais qui ne la rendra pas odieuse. Mon grand but, après tout, n’est pas l’histoire politique et militaire : c’est celle des arts, du commerce, de la police ; en un mot, de l’esprit humain. Dans tout cela il n’y a point de vérité dangereuse. Je ne crois donc pas devoir m’interdire une carrière si grande et si sûre, parce

  1. Voyez une note de la lettre 629.