Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome35.djvu/168

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laquelle on marquerait qu’après s’être informé à tous les avocats de Paris, ils avaient tous répondu qu’il n’y en avait aucun de capable de faire un si infâme libelle. Si on pouvait ajouter un mot en ma faveur, j’en serais plus honoré mille fois que je ne suis affligé des insultes d’un scélérat comme Desfontaines. Au reste, l’honneur qu’on daignerait me faire ne tomberait, monsieur, que sur un homme pénétré d’estime et de respect pour votre profession, et qui se repent tous les jours de ne l’avoir point embrassée. Mais, monsieur, dans cette profession, il n’y a personne que j’honore plus que vous, et dont j’ambitionne plus l’amitié et le suffrage. Je suis, monsieur, avec une estime infinie, votre très-humble et très-obéissant serviteur.

P. S. Ne pourrais-je point, par le moyen de quelques conseillers au parlement de mes amis, demander qu’on fasse brûler le libelle ? Le bâtonnier ne pourrait-il pas le requérir lui-même ? Il me semble qu’il y en a des exemples, et qu’on pourrait, au nom du corps des avocats, en requérir le châtiment comme d’un libelle scandaleux, imputé aux avocats.


1059. — À M. D’**[1].
En marge d’une copie de l’Épitre sur la Nature du Plaisir :
Février 1739.

Ne croyez pas, monsieur, que tout ceci m’empêche de travailler, et, puisque vous aimez mes vers, voici une nouvelle épître, mais qui n’est que pour vous et pour vos amis intimes. Une seule copie en serait dangereuse. Cette épître est un sermon du Père Voltaire pour un petit troupeau choisi, à la tête duquel vous êtes.


1060. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
À Cirey, le 5 février.

Mon respectable ami, je rougis, mais il faut que je vous importune. Les lettres se croisent, on prend des partis que l’événement imprévu fait changer ; on donne un ordre à Paris, il est mal exécuté ; on ne s’entend point, tout se confond. Deux jours

  1. Cette pièce nous a été communiquée par M. Le Serurier, conseiller à la Cour de cassation. Nous n’aurions pas publié ce fragment, s’il ne prouvait une fois de plus la prudence discrète avec laquelle Voltaire répandait ses écrits philosophiques. (H. B.)