Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome35.djvu/181

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me perdre. Quelle protection puis-je avoir auprès de lui ? Hélas ! faudrait-il de le protection contre un Desfontaines ?

J’ai suspendu mes procédures, puisque vous me l’avez ordonné ; mais j’ai bien peur d’être obligé de me voir mis en justice par le scélérat même qui me persécute, et que j’épargne.

Saint-Hyacinthe m’a donné un désaveu dont je ne suis pas encore content. Engagez, je vous en conjure, par un mot de lettre, le chevalier d’Aidie à arracher de lui le désaveu le plus authentique. Je demande aussi à Mlle Quinault un certificat des comédiens qui détruise la calomnie[1] de Saint-Hyacinthe, rapportée dans le libelle de Desfontaines. Tout cela est important à mon bonneur.

Je songe que l’abbé Desfontaines, qui a toute l’activité des scélérats et toute la chicane des Normands, a fait entendre à M. Hérault que ma lettre rapportée dans le Préservatif est un libelle. M. Hérault ne songera peut-être pas que c’est au contraire une très-juste plainte contre un libelle.

Je n’ai point le temps de vous parler de Zulime ; je suis tout entier à mon affaire ; j’ai le cœur percé. Quelle récompense ! Quoi ! ne pouvoir obtenir justice d’un Desfontaines ! Regnum meum non est hinc[2].

Enfin je n’ai d’espérance qu’en vous, mon cher ange gardien ; sub umbra alarum tuarum[3].


1070. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL[4].
Ce 14 février.

Il faut me les pardonner, toutes ces importunités ; c’est un des fardeaux attachés à la charge d’ange gardien.

Vous avez dû, mon respectable ami, recevoir un paquet, par Thieriot, contenant des remerciements, des prières, et une lettre de M. d’Argenson. M. de Caylus m’écrit que M. de Maurepas croit l’affaire portée au Châtelet, et qu’ainsi il a les mains liées ; et

  1. Dans sa lettre à Mlle Quinault, du 18 février 1739, Voltaire la prie de démentir je ne sais quelle querelle arrivée à la Comédie. À la page 31 de la Voltairomanie était transcrit un extrait de la Déification du docteur Aristarchus (par Saint-Hyacinthe, voyez tome XXII, page 257), qui donne le récit d’une aventure d’un officier français, nommé Beauregard (voyez tome XXXIII, les lettres 59, 60, 63, 66), avec un poëte qu’on attendit et maltraita au détour d’une rue par où il devait passer pour aller parler à un comédien. (B.)
  2. Saint Jean, xviii, 36.
  3. Psaume, xvi, 8.
  4. Éditeurs, de Cayrol et François.