Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome35.djvu/192

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le sieur de Voltaire et plusieurs gens de lettres par des injures atroces ;

4° Dans les Observations[1] même, quoique corrigées exactement par le sieur abbé Trublet, il a toujours glissé des calomnies personnelles : tantôt disant, à propos de la Henriade, que le sieur de Voltaire avait intérêt à ménager les Juifs ; tantôt l’accusant de bassesses, d’irréligion, quoique indirectement ;

5° Il est prouvé par la lettre du sieur Dulion, qui est entre les mains de M. d’Argental, conseiller au parlement, que le dit Desfontaines faisait un libelle contre le sieur de Voltaire dans le temps même qu’il était condamné à la chambre de l’Arsenal pour avoir vendu à Ribou une feuille scandaleuse ;

6° Le sieur de Voltaire a fait parler vingt fois à l’abbé Desfontaines par M. de Bernières, par l’abbé Asselin, proviseur de Harcourt, par le sieur Thieriot, pour l’engager à cesser tant de noirceurs et d’ingratitudes ;

7° Il a souffert dix années avant de se plaindre soit en vers, soit en prose, et quand il s’est plaint, il a dit simplement le fait ; il a fait voir ses bienfaits et l’ingratitude ;

8° Aujourd’hui l’abbé Desfontaines inonde Paris et les pays étrangers d’un libelle diffamatoire[2] qui perdrait d’honneur le sieur de Voltaire s’il demeurait sans satisfaction ;

9° Le sieur de Voltaire ne demande qu’un désaveu aussi authentique que l’outrage ; il espère que ceux qui veillent au maintien des mœurs et des lois daigneront lui faire obtenir ce désaveu, puisque les attestations authentiques qu’il a réunies entre leurs mains sont des preuves de la fausseté des accusations contenues dans le libelle.

Le sieur de Voltaire attend tout des bontés et de l’équité de M. Hérault,


1078. — À M. L’ABBÉ MOUSSINOT[3].
Ce 21 (février 1739).

Mon cher ami, c’est pour vous dire que j’ai reçu aujourd’hui une lettre très-polie de M. Hérault, et très-encourageante. Elle ferait entreprendre vingt procès. Cependant je me tiens encore sur la réserve. Une lettre de son juge est une grande tentation à laquelle il faut de la force pour résister.

  1. Titre de la collection des lettres de Desfontaines sur les écrits modernes.
  2. La Voltairomanie.
  3. Édition Courtat.