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1106. — À M. L’ABBÉ MOUSSINOT[1].
Ce 14 (mars 1730).

J’attends, mon cher abbé, cette lettre de M. Deniau, de laquelle d’ailleurs je ne ferai point un usage public. Je vous fais toutes les mêmes prières que par ma dernière. J’arrête toute procédure : je crois que vous en avez averti M. Bégon, et je m’en remets uniquement à monsieur le chancelier. Mandez-moi ce que vous aurez fait avec Mme de Champbonin et mon neveu. Il faudrait tâcher d’avoir justice par monsieur le chancelier. Cela finirait tout, et me rendrait mon repos.

Je vous prie, mon cher ami, de m’envoyer les livres que vous m’avez promis.

Dites à Mme de Champbonin que si elle a besoin d’argent vous en avez à son service, tout pauvres que nous sommes.

Je vous embrasse bien tendrement.

Ordre donné sans doute à M. Bégon de tout suspendre.

Envoyez, je vous prie, sur-le-champ ce paquet à M. d’Argental.


1107. — À M. HELVÉTIUS,
à paris
À Cirer, ce 14 mars.

Vous êtes une bien aimable créature ; voilà tout ce que je peux vous dire, mon cher ami. On me mande que vous venez bientôt à Cirey. Je remets à ce temps-là à vous parler des deux leçons de votre belle Èpître sur l’Étude[2]. Vous pouvez de ces deux dessins faire un excellent tableau avec peu de peine. Continuez à remplir votre belle âme de toutes les vertus et de tous les arts. Les femmes pensent que vous devez tout à l’amour ; la poésie vous revendique, la géométrie vous offre des x x, l’amitié veut tout votre cœur, et messieurs des fermes voudraient aussi que vous ne fussiez qu’à eux ; mais vous pouvez les satisfaire tous à la fois. Mettez-moi toujours, mon cher ami, au nombre des choses que vous aimez ; et, dans votre immensité, n’oubliez point Cirey, qui ne vous oubliera jamais.

Est-il possible que vous ayez daigné aller chez Saint-Hyacinthe ! Vous profanez vos bontés. Je ne sais comment vous remercier.

  1. Édition Courtat.
  2. l’Épître sur l’amour de l’étude.