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1125. — À M. THIERIOT.
À Cirey, le 3 avril.

Plus de Langage des bêtes, je vous prie ; je viens de le lire : c’est un ouvrage dont le fond chimérique n’est pas assez orné par les détails. Il n’y a rien de ce qu’il fallait à un tel ouvrage, ni esprit, ni bonne plaisanterie. Si un autre qu’un jésuite en était l’auteur, on n’en parlerait pas.

Au lieu de cela, Cirey vous demande un Démosthène grec et latin, un Euclide grec et latin, et le Démosthène deTourreil[1].


1126. — À M. DE CIDEVILLE.
À Cirey, ce 3 avril.

Mon cher ami, je vous remercie d’un des plus grands plaisirs que j’aie goûtés depuis longtemps. Je viens de lire des morceaux admirables dans une tragédie pleine de génie, et où les ressources sont aussi grandes que le sujet était ingrat. Mon cher Pollion, ami des arts, qui vous connaissez si bien en vers, qui en faites de si aimables, je vous adresse mes sincères remerciements pour M. de La Noue. Si vous trouviez que mes petites idées[2] valussent la peine de paraître à la queue de sa pièce, je m’en tiendrais honoré. Dites, je vous prie, à l’auteur, que je suis à jamais son partisan et son ami. Vous savez, mon cher Cideville, si mon cœur est capable de jalousie, si les arts ne me sont pas plus chers que mes vers. Je ressens vivement les injures, mais je suis encore plus sensible à tout ce qui est bon. Les gens de lettres devraient être tous frères ; et ils ne sont presque tous que des faux frères.

J’espère de la pièce[3] de Linant. Elle n’est pas au point où je la voudrais, mais il y a des beautés. Elle peut être jouée, et il en a besoin.

Adieu, mon très-cher ami. Mme  du Châtelet vous fait mille compliments ; vous lui êtes présent, Quoiqu’elle ne vous ait jamais vu. Adieu.

  1. Dans l’édition Beuchot cette lettre se terminait par le billet que nous avons donné sous le n° 1118.
  2. Voyez la lettre suivante adressée à La Noue.
  3. Ramessès.