Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome35.djvu/353

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né de ces matières, par son cœur, par son esprit, et par son rang, je dirais que je ne trouve ni raison, ni esprit dans ce chapitre. Ne voilà-t-il pas une belle preuve qu’un prince doit être un fripon, parce qu’Achille a été nourri, selon la Fable, par un animal moitié bête et moitié homme ! Encore si Ulysse avait eu un renard pour précepteur, l’allégorie aurait quelque justesse ; mais qu’en conclure pour Achille, qui n’est représenté que comme le plus impétueux et le moins politique des hommes ?

Dans le même chapitre : il faut être un perfide, perché gli uomini sono tristi ; et, le moment d’après, il dit : Sono tanto semplici gli uomini…, che colui che inganna trovera sempre chi si lascerà ingannare.

Il me semble que le docteur du crime méritait de tomber ainsi en contradiction.

Je n’ai point encore eu les Notes d’Amelot de La Houssaie ; mais quel commentaire faut-il à mon prince pour démêler le faux et pour confondre l’injuste ? Béni soit le jour où ses aimables mains auront achevé un ouvrage dont dépendra le bonheur des hommes, et qui devra être le catéchisme des rois

Je ne sais pas comment, dans ce catéchisme, le manifeste de l’empereur contre son général[1] et contre son plénipotentiaire[2] serait reçu ; mais ce n’est pas à moi à porter mes vues si haut :

· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · Pastorem, Tityre, pingues
Pascere oportet oves, nec regum bella referre.

(Virg., ecl. vi, v. 4.)

J’ai reçu ici une visite du fils de M. Gramkan[3], qui me paraît un jeune homme de mérite, digne de vous servir et d’entendre Votre Altesse royale.

Je n’entends plus parler du voyage que M. de Keyserlingk devait faire à Paris, et j’ai peur de partir sans avoir vu celui avec qui j’aurais passé les jours entiers à parler d’un prince qui fait honneur à l’humanité. Mme  du Châtelet a écrit à Votre Altesse royale.

Je suis avec le plus profond respect et la plus tendre reconnaissance, etc.

  1. Charles VI, qui, après avoir destitué son feld-maréchal, le comte de Seckendorff, voulut le faire mourir par commissaires.
  2. Le feld-maréchal comte de Neipperg.
  3. Probablement Grumbkow.