Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome35.djvu/361

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été imprimée plusieurs fois, soit à la suite de la Henriade, soit dans des ouvrages périodiques. À l’égard d’une espèce d’introduction ou de plan raisonné de l’histoire du Siècle de Louis XIV, il y a plusieurs mois que cela est public, dans les journaux étrangers, comme j’ai déjà eu l’honneur de vous le dire.

Je ne crois pas qu’on trouve dans cet essai rien qui ne soit d’un bon citoyen. Et si, par malheur, il s’était glissé quelque chose qui pût déplaire, je suis prêt à le corriger. Cette entreprise a, ce me semble, l’approbation de tous les honnêtes gens, mais il me faut une protection comme la vôtre pour m’encourager à finir un si grand ouvrage, qui demande en même temps beaucoup de tranquillité et de travail.

Il n’y a que la modestie de M. le cardinal de Fleury qui peut, je crois, l’indisposer contre mon histoire, dont il fera un des principaux ornements.

J’ai l’honneur de vous représenter encore que les petites pièces que Prault avait jointes à cet essai sont faites il y a près de trente ans pour la plupart, et qu’ainsi s’il s’y trouvait, je ne dis pas des expressions licencieuses, car je n’en ai jamais hasardé, mais quelques idées peu mesurées, je me flatte qu’on ne les traiterait pas plus sévèrement que les poésies de Chaulieu, ou même que celles de Rousseau, qu’on imprime à Paris sans privilège.

En un mot, monsieur, il ne m’appartient pas de vous demander une grâce pour Prault[1], mais seulement pour moi-même, pour votre ancien courtisan, qui ne cessera jamais d’être avec la reconnaissance la plus respectueuse, etc.

  1. Extrait des registres du Conseil d’État : « Vu par le Roy, estant en son Conseil, le procès-verbal du Commissaire Lespinay, en date du 24 novembre dernier, contenant qu’en exécution des ordres de Sa Majesté, il se seroit transporté dans une maison sise sur le Pont-au-Change occupée par le nommé Desfères, marchand joiiaillier, sur l’avis qui auroit esté donné que dans ladite maison il y avoit un dépôt d’imprimez prohibez ; où estant monté au troisième estage, il seroit entré dans une chambre, dans laquelle il auroit pu effet trouvé une quantité considérable de feuilles imprimées, et entr’autres, un grand nombre d’exemplaires d’un ouvrage Intitulé Recueil de Pièces fugitives, en prose et en vers, par M. de Voltaire. Et le dit sieur Commissaire ayant requis le dit Desfères de déclarer à qui il avoit loué la dite chambre, il auroit dit que c’étoit le nommé Prault fils, libraire, son gendre, qui l’avoit prié de la luy prester, pour y mettre différens imprimez et livres qu’il luy avoit assuré estre permis. Et Sa Majesté voulant réprimer une contravention qui blesse également l’ordre public et les bonnes mœurs, soit par la nature de l’ouvrage, soit par la témérité du dit Prault fils, libraire, qui, au préjudice des règlements de la librairie, a fait imprimer sans privilège ni permission l’ouvrage dont il s’agit, et a entreposé clandestinement